2,5 millions de fantômes de la fraude sociale: le chiffre annuel révélé par un ancien magistrat

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D'après les dires d'un ancien magistrat spécialiste de la fraude, 2,5 millions d’individus fantômes empocheraient 30 milliards d’euros de prestations sociales par an.

Un ancien magistrat de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude (DNLF) au ministère du Budget, Charles Prats, a déclaré au Figaro que des allocataires de la Caisse d’allocations familiales (CAF) fraudaient aux prestations sociales. Et qu’un grand nombre de ces fraudes était opérées, selon lui, notamment par des étrangers.

«Selon les documents que j’ai donnés à la commission d’enquête parlementaire en cours sur le sujet, 12,4 millions de personnes nées à l’étranger ou dans un territoire d’outre-mer ont bénéficié l’an dernier de prestations sociales (allocations, pensions de retraite, chômage, maladie…)», a-t-il expliqué.

Alors qu’il ne devrait en exister qu’un maximum de 9,9 millions, selon les chiffres de l’Insee et des organismes sociaux, a ajouté Charles Prats.

«Il y a donc environ 2,5 millions de fantômes qui passent chaque mois au guichet pour toucher des sous! Si ces 12,4 millions de personnes existaient vraiment, cela signifierait par exemple que 42% des allocataires des caisses d’allocations familiales seraient nés à l’étranger», a-t-il affirmé.

Dans ce contexte, Charles Prats a dit avoir remis ces données à l’Assemblée nationale début mars. Aujourd’hui, il constate le «silence gêné» du ministère des Affaires sociales et des organismes sociaux, «personne ne commentant ces chiffres provenant du gouvernement lui-même».

«Des individus créant des identités fictives»

Toujours d’après Charles Prats, il s’agit de 30 milliards d’euros.

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«C’est un enjeu potentiel de fraude. Le montant total des dépenses annuelles de protection sociale s’élève à 787 milliards d’euros pour 66,5 millions d’habitants, soit 11.800 euros par personne. L’enjeu annuel pour les 2,5 millions d’individus "fantômes" bénéficiant de prestations s’élève donc à près de 30 milliards d’euros auxquels il faut rajouter les autres types de fraudes sociales car ces 30 milliards ne concernent que la fraude potentielle à l’immatriculation sociale!», a-t-il précisé.

Il a expliqué qu’il était également assez facile de frauder.

«On peut avoir des individus créant des identités fictives en grand nombre, comme cette famille roumaine qui en avait créé 1.200 dans le Nord en 2018 pour escroquer 1,7 million d’euros d’allocations. Ou bien les immigrés clandestins qui créent des identités européennes pour bénéficier de notre système social. En 2011, sur l’échantillon de faux papiers d’origine étrangère, 47% étaient soi-disant algériens, 27% marocains, 6% congolais et 3% maliens. Mais attention, la nationalité du fraudeur peut être très différente de celle du document falsifié», a noté Charles Prats.

Or, la lutte contre la fraude aux prestations sociales «tétanise décideurs politiques et haute administration qui ne veulent pas être accusés de "faire la chasse aux pauvres et aux étrangers"», a-t-il ajouté.

Charles Prats ne fait pas que critiquer, il propose certaines mesures concrètes. Ainsi, il préconise de «recertifier tous les numéros de Sécurité sociale en intégrant les empreintes digitales de chacun».

«Ainsi, on stoppera massivement les fraudes en évitant les identités multiples pour un même individu, l’utilisation d’une même carte Vitale par différentes personnes ou encore les clandestins travaillant sous l’identité d’un tiers en situation légale.»

Maintenant, c’est à l’État qu’il demande de réagir.

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