Un «mouvement coordonné»? Au Québec, une vague d’incendies vise des tours téléphoniques

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La Belle Province est secouée par une vague d’incendies criminels visant des antennes de téléphonie mobile. Les autorités craignent que des opposants à la technologie 5G ne soient à l’origine des incidents et que le mouvement ne prenne de l’ampleur. Une menace d’un tout nouveau genre? Sputnik fait le point.

Après l’épidémie de Covid-19, une épidémie d’incendies criminels au Québec?

Ces derniers jours, au moins sept incendies visant des antennes de téléphonie mobile ont été recensés sur l’ensemble du territoire québécois. Quatre incendies criminels ont été commis dans la ville de Laval, à proximité de Montréal, et trois autres dans la région des Laurentides, au nord de la métropole québécoise.

«La responsabilité des dossiers revient maintenant à la Sûreté du Québec et au service des crimes majeurs […]. La Sûreté du Québec prendra le relais du dossier, mais continuera à collaborer étroitement avec les corps de police de Laval et des municipalités concernées pour le reste de l’enquête», précise à Sputnik Marc Tessier, porte-parole de la Sûreté du Québec pour les régions administratives des Laurentides et de l’Outaouais, haut corps de police relevant de l’État québécois.

Récemment, d’autres pays dans le monde ont aussi été le théâtre d’incendies et d’actes criminels visant des tours de télécommunication, en particulier celles assurant le fonctionnement de la technologie 5G. En effet, des groupes de citoyens font un lien entre l’actuelle pandémie de coronavirus et l’arrivée de cette technologie. Certaines personnes redoutent également que la 5G n’ait pour effet de restreindre la liberté des individus, notamment par le biais de la géolocalisation. Certaines tours vandalisées au Québec étaient cependant vouées à la 4G.

Une pandémie d’actes anti-5G?

En Irlande, au Royaume-Uni, en Belgique et aux Pays-Bas notamment, des incidents similaires ont eu lieu. Un mouvement coordonné à l’échelle de la planète? Du moins, il pourrait l’être à celle du Québec:

«Quand des incidents ou des événements peuvent concerner l’ensemble du territoire québécois, c’est plus facile pour la Sûreté du Québec de prendre la responsabilité du dossier et de centraliser l’information. On parle actuellement de deux régions touchées, mais il n’est pas impossible que d’autres le soient. C’est possible que le mouvement soit coordonné», a poursuivi en entrevue le porte-parole de la Sûreté du Québec.

Avant d’être endommagée, l’une des antennes qui ont été visées avait fait l’objet de discussions sur les réseaux sociaux au sein de groupes opposés à la 5G. Située à Chomedey, dans les Laurentides, la tour en question s’est notamment retrouvée au centre d’une polémique sur la page Facebook du groupe «STOP 5G Val-David». En entrevue avec Sputnik, l’administrateur et leader du groupe, Emmanuel Lavigne, a condamné les actes criminels:

«Ces gestes ne jouent pas en faveur de la discussion. Les incendies et la violence qui ont lieu ne peuvent pas être perpétrés par des gens qui sont dans un processus de réflexion et de dialogue. […] Ces gens discréditent le mouvement opposé à la 5G. Nous cherchons d’abord à entamer une réflexion sur notre droit à être bien informés», s’est défendu le leader du groupe à notre micro.

Contrairement à certains membres du mouvement anti-5G, Emmanuel Lavigne rejette tout lien entre la pandémie de Covid-19 et cette technologie de téléphonie mobile, 100 fois plus rapide que la génération précédente. En revanche, il s’inquiète de ses effets sur la santé des êtres humains.

Cancer, système immunitaire, problèmes psychologiques… quel est l’impact de la 5 G sur la santé?

Le Centre international de Recherche sur le cancer de l’OMS a conclu en 2011 que les champs électromagnétiques de radiofréquences, qui assurent le fonctionnement de tous les téléphones portables, étaient «peut-être cancérogènes pour l’homme». Une hypothèse souvent citée par les militants anti-5G sur les réseaux sociaux.

​Paul Héroux, le directeur du programme de santé du travail de la prestigieuse Université McGill, à Montréal, estime quant à lui que cette technologie nuit au système immunitaire. Ces dernières semaines, M. Héroux est devenu l’une des principales références scientifiques du mouvement anti-5G au Québec. Dans une récente entrevue, le conseiller scientifique de l’Institut national de la santé publique du Québec, Mathieu Gauthier, qualifie toutefois de «farfelue» l’observation du Dr Héroux. Emmanuel Lavigne voudrait au moins qu’un «débat respectueux» ait lieu sur ce thème:

«Les gens du mouvement se soucient de deux choses. Premièrement, de leur droit à leur vie privée et deuxièmement, de leur environnement électromagnétique. La 5G pourrait causer des cancers et créer des problèmes psychologiques […] Le problème, c’est qu’il est extrêmement difficile d’avoir une discussion ou de l’information non biaisée sur cette technologie. C’est un peu David contre Goliath. La discussion n’est pas équitable», déplore M. Lavigne.

L’inquiétude envers cette technologie n’est pas si récente au Québec. En janvier 2020, 200 personnes ont manifesté à Montréal contre son implantation. 

Fin 2019, les conseillers municipaux de la petite ville de Sutton ont demandé à Ottawa de repousser l’instauration de la 5G sur son territoire jusqu’à ce qu’un consensus scientifique soit établi autour de ses effets existants ou inexistants sur la santé et l’environnement. Sutton était alors la première ville canadienne à réclamer la tenue d’un moratoire sur la question. Le 22 février dernier, la demande de la ville a été rejetée par le gouvernement canadien.

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