Covid-19: «Macron a fait confiance à l’État profond», contrairement à Trump

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Des manifestants armés s’opposent au confinement aux États-Unis et les divisions se creusent. Mais Donald Trump reste dans une logique de confrontation avec l’État profond dans de la crise du Covid-19. Décryptage d’Olivier Piton, président de la commission des lois à l’Assemblée des Français de l’étranger, pour le Désordre mondial.

Dans l’État américain du Michigan, des centaines de manifestants anti-confinement sont entrés dans le Sénat avec des fusils d’assaut et en ont occupé la galerie. Une action d’ailleurs parfaitement légale au Michigan.

Les manifestants s’opposent au confinement strict institué dans leur État à cause de l’épidémie de coronavirus. Une mesure prise dans de nombreux autres États, dirigés pour la plupart par des gouverneurs du parti Démocrate. Donald Trump a réagi à cette situation en tweetant: «Le gouverneur du Michigan devrait lâcher un peu de lest et éteindre le feu. Ce sont de très bonnes personnes, mais elles sont en colère. Elles veulent retrouver leur vie, en toute sécurité! Voyez-les, parlez avec eux, faites un deal.»
 
Trump a clairement choisi son camp, celui de la liberté avant tout. Cela lui coûtera-t-il sa réélection en novembre? Olivier Piton, avocat en droit public et président de la commission des lois à l’Assemblée des Français de l’étranger, explique le phénomène des manifestants armés:

«Les gens ont besoin de recommencer à travailler parce que sinon, ils n’ont pas la couverture sociale nécessaire pour pouvoir survenir à leurs besoins au bout de plusieurs mois. Donc, il y a déjà une désespérance de la part d’une part croissante de la population, qui veut juste recommencer à travailler et, dans la plupart des États, les gouverneurs ont décidé la mise en place du confinement.» 

On voit également certains personnages de la Silicon Valley, comme Elon Musk, fondateur des entreprises Tesla et SpaceX, monter au créneau contre le confinement. L’auteur des livres La nouvelle révolution américaine et Les transgressifs au pouvoir –Emmanuel Macron et Donald Trump (Éd. Plon) explique: 

«L’une des grandes différences entre la France et les États unis, c’est l’opposition entre liberté et égalité. C’est-à-dire que les Français sont très attachés à l’égalité; les Américains sont très attachés aux libertés. Alors là, pour le coup, on met vraiment à rude épreuve leur sentiment de liberté en les obligeant à être confinés chez eux depuis deux mois. Pour les manifestants du Michigan et Elon Musk, leur logique patriotique, la liberté, le fait d’être empêché de faire quelque chose, c’est très antiaméricain, justement.» 

Piton souligne la différence entre la gestion de la crise sanitaire de Trump et de Macron: 

«On a quelqu’un de culture française, de plus de culture administrative française, Emmanuel Macron, qui est conscient à la fois des rouages administratifs de la France et qui a beaucoup compté là-dessus. D’abord, c’est la machine administrative qui n’a pas répondu.
C’est-à-dire qu’au-delà de la pénurie, qui est une décision politique en termes de masques et de tests, de nombre de lits, il a d’abord fait confiance à la technostructure, l’État profond. Macron a fait confiance à l’État profond.»

Et de poursuivre: 

«Il a compris beaucoup plus tard qu’il avait eu tort. Et aujourd’hui, il essaie de contrecarrer cela. Il s’est défendu au Sénat, d’ailleurs, en faisant voter un amendement qui limite, pour ne pas dire annule complètement, la responsabilité pénale des élus, et derrière probablement un jour des hauts fonctionnaires et des politiques.
Trump est dans une logique de confrontation avec l’État profond depuis le début, depuis le premier jour, et c’est l’État profond qui le pousse au confinement et lui ne veut pas du confinement.»
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