L’Amérique latine, entre chaos politique et sanitaire: le pire est-il à venir?

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La crise du coronavirus en Amérique latine n’a pas le même impact dans chaque pays, mais les conséquences du Covid-19 semblent autant politiques que sanitaires. Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’IRIS sur les questions ibériques, décrypte la réalité du terrain au micro de Rachel Marsden.

Le chaos politique frappe actuellement certains pays d’Amérique latine, sous fond de crise sanitaire. Au Venezuela par exemple, la pénurie de ressources médicales, résultat des sanctions économiques, complique la gestion de l’épidémie.
 

Au Brésil, le Président Jair Bolsonaro, fermement opposé à la stratégie de confinement du pays, a licencié le ministre de la Santé, qui avait contesté sa réponse au coronavirus. Il n’est pourtant pas le seul dans cette région du monde à avoir adopté cette posture.
 Pour poser le contexte, Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) sur les questions ibériques, souligne l’arrivée relativement tardive du Covid-19 en Amérique latine:

«Il y a un décalage de six semaines entre l’Amérique latine et l’Europe, donc on est dans la phase ascendante de propagation du virus, ce qui explique que les chiffres progressent, mais cela n’explique pas pourquoi au Costa Rica, il y a peu de décès, alors que l’on assiste à une explosion du nombre de victimes dans un pays comme le Brésil, avec des situations intermédiaires.» 

Le chercheur dresse le bilan actuel de plusieurs pays de la région, tout en expliquant les décalages:

«Les situations sont différentes au niveau des économies. Il a des pays d’Amérique latine comme Haïti, considéré par les Nations unies comme l’un des moins avancés et des plus pauvres du monde. À l’inverse, l’Argentine, le Brésil, le Mexique sont membres du G20. Il y a également des cultures médicales différentes. Par exemple, à Cuba, qui est le pays d’Amérique latine qui consacre le plus d’argent à la santé [...] c’est relativement proche du niveau moyen européen [...] Les systèmes de santé ont une capacité d’absorption de la pandémie extrêmement différente d’un pays à l’autre.»

Drapeau brésilien - Sputnik Afrique
Bolsonaro évince son ministre de la Santé qui plaidait pour le confinement et la distanciation sociale
Kourliandsky analyse notamment les retombées politiques de l’épidémie pour le Président Jair Bolsonaro au Brésil, où l’impact de la crise sanitaire est fortement médiatisé:    

«On assiste actuellement à une espèce de bataille entre différents niveaux institutionnels, qui est assez désastreuse pour la gestion des problèmes de santé au Brésil. Si vous rajoutez que, pour des raisons idéologiques, le Président est hostile à une relation avec la Chine, alors que ça a été l’un des objets du différend avec le ministre de la Santé [qui a été limogé, ndlr], lequel a remarqué que si l’on voulait lutter contre la pandémie, on était obligé d’importer du matériel médical de Chine, l’attitude du Président est complètement à côté du problème.» 

Le directeur de l’observatoire de l’Amérique latine de la Fondation Jean-Jaurès explique que Bolsonaro n’est pas le seul de la région à favoriser une posture anti-verrouillage:

«Le Mexique fait partie des États qui ont minimisé l’impact du coronavirus pour des raisons économiques, donc la difficulté de gérer les travailleurs informels, les gens qui vivent au jour le jour, qui n’ont pas de revenus fixes, qui n’ont pas de protection sociale. Si l’on confine de façon assez stricte, on va créer des problèmes extrêmement graves, y compris des problèmes d’alimentation.»
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