L’OMS influencée? «C’est malheureusement le jeu de toutes les organisations de l’Onu»

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Dans la crise du Covid-19, l’OMS émet des recommandations à tous les pays. Sont-elles fiables? Financée majoritairement par des fonds privés, peut-on lui faire confiance? Anne Sénéquier, médecin, chercheuse et codirectrice de l’Observatoire de la santé mondiale à l’IRIS, se penche sur cette organisation pour le Désordre mondial.

Quel crédit apporter à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui pilote la réponse planétaire à la crise sanitaire du coronavirus? Ses conseils sont souvent contradictoires et 80% de son financement ne provient pas des États, mais d’intérêts privés. Dans ces conditions, l’OMS devrait-elle vraiment être impliquée dans les décisions qui touchent aux politiques de santé publique?
 

Anne Sénéquier, médecin, chercheuse et codirectrice de l’Observatoire de la santé mondiale à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), met le financement de l’OMS en perspective: 

«Le budget [de l’OMS, ndlr] est de six milliards de dollars. C’est moins que le budget des Hôpitaux de Paris. Les Hôpitaux de Paris, même avant la crise du coronavirus, avaient des problématiques en termes de ressources humaines, en termes de matériel, pour justement financer ne serait-ce que les hôpitaux d’une ville. Et l’on demande à l’OMS de gérer la santé mondiale avec moins que ce budget-là.» 

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Trump lance un nouvel ultimatum à l'OMS
Donald Trump a notamment accusé l’OMS d’être soumise à l’influence chinoise. En conséquence, il a suspendu le financement américain de cette agence de l’Onu. S’agit-il d’une vue de l’esprit de la part du locataire de la Maison-Blanche? Anne Sénéquier réagit: 

«Chaque État va venir avec son agenda sur le plateau. La Chine, de la même manière que tous les États, a cette envie de placer ses pions et de venir avec son agenda [...] Il y a beaucoup de questions sur la Chine, le nouveau [directeur général de l’OMS, ndlr] vient d’Éthiopie [...] On parle beaucoup des liens entre l’Afrique de l’Est et la Chine. La Chine finance énormément d’infrastructures, de programmes de développement, donc certains disent que la Chine a appuyé l’élection du directeur général. D’autres pensent que ce n’est pas aussi clair que ça.»

Anne Sénéquier commente la porosité des agences de l’Onu, dont l’OMS fait partie, à l’influence du lobbying: 

«C’est malheureusement le jeu de toutes les organisations de l’Onu, de la même manière que ces États membres sont soumis au lobbying de chacune de leurs entreprises. Il y avait un exemple assez frappant là-dessus [...] On avait justement les pays occidentaux qui détenaient de grandes entreprises d’alimentation infantile, qui ont fait le forcing pour faire en sorte que le lait infantile en poudre soit la nouvelle norme de l’alimentation du nourrisson de zéro à six mois.
Donc on dit, très bien, ça va diminuer les famines, ça va permettre d’avoir des bébés en bonne santé. Sauf que ça a été effectivement une nouvelle norme et l’on s’est retrouvé avec des millions d’enfants qui sont décédés de diarrhée aiguë, parce ce que là où il n’y avait pas d’eau potable, on faisait des biberons avec de l’eau souillée, ce qui les a rendus malades.»
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