Retrait américain du traité Ciel ouvert: «une pierre de plus vers la fin du multilatéralisme»

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Si les États-Unis peuvent se passer du traité Ciel ouvert, car à même d’obtenir des renseignements grâce à leurs satellites, les Européens en ont besoin. Leur retrait est «une pierre de plus vers la fin du multilatéralisme, un coup porté à la cohésion de l’Otan», analyse pour Les Échos un politologue à l'IRIS.

Après que les États-Unis ont officiellement fait part de leur décision de se retirer du traité Ciel ouvert signé par 35 pays et entré en vigueur en 2002, le département d’État a publié un communiqué dans lequel il détaille les raisons du retrait.

Aux termes du document, Moscou interdirait le survol de certaines zones sensibles, mais ferait aussi du traité «un outil d’intimidation et de menace».

«Avec les progrès satellitaires, Washington n'a pas besoin de l'accord Ciel ouvert pour nourrir ses forces de renseignement. Mais, côté européen, on souligne que ce traité donne à chacun un certain droit de surveillance sur les engagements des uns et des autres», signalent à ce propos Les Échos.

Les signataires européens de l'accord ont «regretté» vendredi l'annonce de Washington, reconnaissant qu’ils partageaient «ses préoccupations relatives à la mise en œuvre des dispositions du traité par la Fédération de Russie».

Dans un communiqué commun, 10 pays de l'Union européenne, dont la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas, affirment qu'ils continueront à mettre en œuvre le traité Ciel ouvert, «fonctionnel et utile».

Destruction de «confiance pour la sécurité européenne»

«Cette dénonciation participe de la destruction d'une lente et longue construction d'un cadre de confiance pour la sécurité européenne», note auprès du journal le général Jean-Paul Palomeros, ancien commandant de l'Otan.

Jean-Pierre Maulny, politologue à l'IRIS, trouve que «c'est une pierre de plus vers la fin du multilatéralisme, un coup porté à la cohésion de l'Otan et à la politique de désarmement».

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Maria Zakharova dénonce le retrait de Washington du traité Ciel ouvert
«Le lien de solidarité transatlantique qui repose sur les armées mais aussi sur le contrôle des armes devient de plus en plus aléatoire», renchérit le politologue.

Pas un traité classique

D’autant plus que le traité Ciel ouvert n'est pas un traité classique dont le but est de limiter des capacités militaires, mais de garantir une certaine transparence sur le long terme.

«Avec les satellites, les Américains n'en ont pas besoin pour observer ce qui les intéresse. Mais pour les Européens, une autorisation ou un refus de survol en Russie par exemple donne des indications et permet d'établir ou non un dialogue», résume pour Les Échos Corentin Brustlein, directeur à l'Ifri.
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