Émoi au Togo après une nouvelle «bavure» policière ayant coûté la vie à un homme

© AP Photo / Erick KaglanLes forces de l'ordre togolaises en action, au cours d'une manifestation.
Les forces de l'ordre togolaises en action, au cours d'une manifestation. - Sputnik Afrique
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Mise en place dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, la Force spéciale mixte anti-pandémie en serait à sa deuxième bavure au Togo. N’ayant pas obtempéré aux injonctions de s’arrêter, alors qu’il était en infraction, un homme aurait été abattu par des éléments de cette force. Le gouvernement ouvre une enquête et promet la vérité.

Les réactions d’indignation s’enchaînent au Togo, après une nouvelle «bavure» policière ayant causé la mort d’un jeune homme, le 21 mai, par des agents accusés de faire appliquer de manière trop zélée des mesures gouvernementales anti-Covid-19.

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Il s’agit, au moins, de la deuxième bavure présumée ayant entraîné le décès d’un citoyen dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, depuis que l’état d’urgence a été décrété le 2 avril pour circonscrire la propagation du Covid-19.

La scène s’est passée en plein jour, à un grand carrefour de la capitale Lomé. La victime, répondant au nom de Mohamed, était à bord de son véhicule avec son enfant, sans masques de protection. Selon des témoins, il roulait «un peu trop vite» quand deux agents de la Force spéciale mixte anti-pandémie lui auraient ordonné de s’arrêter.

Un témoin, qui affirme reconnaître dans ce jeune un laveur de voitures du quartier, raconte à Sputnik:

«Ayant refusé d’obtempérer, une course-poursuite s’est engagée. Finalement, il a été pris en étau grâce à des éléments des antigangs [corps sécuritaire] en circulation. De loin, on voyait une sorte de dispute et après on a entendu un coup de feu. Puis on a vu l’homme à terre.»

Le chauffard est décédé avant l’arrivée des secours. La version des témoins est en partie corroborée par les autorités togolaises.

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«À la suite de cette dispute, un fonctionnaire de police en service dans les environs a dû, dans des circonstances non encore expliquées, faire usage de son arme, atteignant ainsi mortellement cet automobiliste», peut-on lire dans un communiqué du ministre de la Sécurité, le général Yark Damehane. Ce représentant des autorités promet une enquête pour connaître le contexte réel d’un «grave incident (...) qui ne restera pas impuni».

Des réactions

C’est d’ailleurs ce que demandent des institutions et organisations de la société civile togolaise auxquelles s’ajoutent des condamnations politiques, ou même des réactions de simples citoyens.

​Exprimant son indignation, la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) a rappelé dans un récent communiqué «le caractère sacré de la vie». Elle en a appelé à la retenue et au professionnalisme des forces de l’ordre et de sécurité tout en invitant la hiérarchie militaire et policière à «prendre la mesure de ces exactions récurrentes qui fragilisent la cohésion sociale».

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«La CNDH appelle le gouvernement à faire aboutir l’enquête afin de mettre à la disposition de la justice les agents impliqués dans ce drame», indique l’institution.

Pour le Mouvement Martin Luther King (MMLK), une organisation de la société civile togolaise, tout comme l’opposition togolaise, la sécurité de tous les citoyens est «en danger». «Il faut que les enquêtes ouvertes aboutissent et que les auteurs de ce crime de sang répondent de leurs actes… et pour dissuader à l’avenir les esprits mal intentionnés», affirme Past Edoh Komi, président du MMLK dans un communiqué dont Sputnik a eu copie.

Dans un point de presse organisé le 27 mai, le Front citoyen Togo Debout a dénoncé, quant à lui, une «culture de l’impunité» à laquelle «il est important de mettre fin parce qu’elle ne construit pas la cohésion d’une nation».

Cette bavure policière présumée serait la deuxième à coûter la vie à un citoyen, depuis le 2 avril, date où l’état d’urgence a été décrété au Togo. Le tout sans compter les «nombreux [autres] dérapages», de l’aveu même du ministre Yark Damehane, imputés aux forces de l’ordre ayant pour objet des violences commises sur des citoyens.

Courant avril, un jeune, Dodji Koutouatsi, qui avait bravé le couvre-feu pour ses besoins matinaux dans une latrine publique, aurait été roué de coups par les agents de la Force anti-pandémie Covid 19, à en croire des témoins et ses proches, provoquant des blessures mortelles. Le gouvernement avait décidé l’ouverture d’une enquête et de relever de leurs fonctions le responsable de la Force anti-pandémie Covid-19 et ses trois adjoints. Pour sa part, la famille de la victime, assistée de défenseurs des droits de l’Homme, a décidé de porter plainte contre X afin que la lumière soit faite sur ce décès tragique.

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