«Au moment de la privatisation de Sanofi, l’État français n’a pas souhaité garder le contrôle des vaccins»

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Qui aurait le premier droit à un vaccin contre le coronavirus? D’après Sanofi, une entreprise d’origine française qui participe à la course au vaccin, les États-Unis seraient prioritaires. Analyse de Loïk Le Floch-Prigent, ancien patron de Rhône-Poulenc, Elf Aquitaine, Gaz de France et de la SNCF, au micro de Rachel Marsden.

Si un vaccin est développé pour le Covid-19, quels citoyens le recevront en premier? On pourrait penser que si une entreprise française gagnait la course au vaccin, la France serait la première à mettre la main dessus.
 

Mais dans une récente interview, le PDG britannique de Sanofi, société pharmaceutique transnationale d’origine française, a déclaré que les États-Unis étant les premiers à financer la recherche sur les vaccins de Sanofi, ils auraient donc droit à la plus grande précommande.
 
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Vaccin contre le Covid-19: peut-on vraiment jeter la pierre à Sanofi?
Une déclaration choquante pour les Français qui considèrent Sanofi comme une entreprise française, qui devrait donc servir les Français prioritairement. Loïk Le Floch-Prigent, ancien patron de Rhône-Poulenc, d’Elf Aquitaine, ancien président de Gaz de France et de la SNCF, réagit: 

«Nous sommes dans un monde capitaliste. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant dans l’affaire, à part le fantasme que Sanofi étant d’origine française, continue à être français et doit tout aux Français. Ce n’est pas le cas, compte tenu de la propriété actuelle de Sanofi.»

Le grand patron français décrypte la cession de contrôle de Sanofi aux actionnaires étrangers et la responsabilité du gouvernement français:

«C’est l’État français qui a organisé tout ça. Et c’est d'autant plus drôle que c’était à l’époque une période de cohabitation, donc tous les hommes politiques français sont au courant.»

Le Floch-Prigent dépeint l’attitude française et européenne face aux problématiques de santé et de vaccins:

«Il n’y a jamais eu d’Europe de la santé. Par conséquent, il n’y a pas de raison qu’il y en ait sur le vaccin. Et par ailleurs, au moment de la privatisation de Sanofi, l’État français n’a pas souhaité garder le contrôle des vaccins […]
L’Europe se retrouve dans les paroles. On fait des grands dégagements, des sketchs, des pièces de théâtre, mais on ne va pas plus loin, alors que dans l’organisation américaine et l’organisation chinoise, il y a d’une part des gens qui parlent et d’autre part les mêmes qui ont de l’argent et mettent l’argent sur la table.»

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Aucun budget spécifique consacré à la recherche d’un vaccin anti-Covid-19 en France, selon Mediapart
D’après Le Floch-Prigent, il n’est pas encore trop tard, la France et l’Europe pourraient toujours investir après la découverte d’un vaccin, mais avant sa validation:

«Ce sont les Américains qui ont acheté le billet de loto. Et alors les Français disent “pourquoi ce n’est pas nous?” La réponse du directeur général de Sanofi, c’est dire “achetez le billet de loto.”»
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