«Plaquée au mur jambes écartées»: une élue allemande noire évoque une intervention «humiliante» à Bruxelles

CC BY-SA 4.0 / Itsintheinbox / Pierrette Herzberger-FofanaPierrette Herzberger-Fofana
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Pierrette Herzberger-Fofana, eurodéputée allemande d'origine africaine, était en train de filmer une scène à Bruxelles où des «policiers harcelaient deux jeunes noirs», alors qu’elle-même a fait l’objet d’un traitement «humiliant», selon ses dires.

Une eurodéputée allemande d'origine africaine a affirmé mercredi 17 juin devant le Parlement européen avoir été victime de violences policières à Bruxelles alors qu'elle photographiait une intervention qu'elle jugeait abusive, une version contestée par la police belge, fait savoir l’AFP.

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Lors d'une séance plénière du Parlement à Bruxelles, Pierrette Herzberger-Fofana, élue des Verts, a raconté avoir été «traitée de façon humiliante» par des policiers le 16 juin dans la soirée. L'incident s'est produit au moment où une patrouille de police procédait au contrôle de deux personnes aux abords de la gare du Nord.

Selon l'élue née il y a 71 ans à Bamako, «neuf policiers harcelaient deux jeunes noirs». Elle a alors décidé de se saisir de son smartphone pour prendre une image de la scène.

«Les policiers se sont dirigés vers moi, ils m'ont arraché mon téléphone des mains. Quatre des neuf policiers armés m'ont brutalement poussée contre le mur. Ils ont violemment pris mon sac à main. Ils m'ont plaquée au mur jambes écartées», a assuré Mme Herzberger-Fofana.

«Tendance raciste»

Selon sa version, les policiers n'ont pas cru à sa fonction d'eurodéputée et ont exigé sa carte de résidence en Belgique après qu'elle a présenté son passeport allemand avec son laissez-passer du Parlement européen.

Dénonçant «un acte discriminatoire à tendance raciste», elle a souligné avoir porté plainte mercredi, et fait un lien avec la mobilisation contre les violences policières ayant suivi la mort de George Floyd aux États-Unis, alors même qu'un débat sur le sujet allait s'ouvrir dans l'hémicycle.

«À l'heure où le monde entier a vu les conséquences fâcheuses de la brutalité policière, cette expérience est pour moi traumatisante», a-t-elle lancé.

Le président du Parlement David Sassoli l'a assurée du soutien de l'institution et l'a invitée à préciser les circonstances afin de demander des explications aux autorités belges. Les eurodéputés David Cormand et Manon Aubry ont également tenu à exprimer leur soutien à l'élue.

«La couleur de la peau de notre collègue n'est pas étrangère au fait même qu'elle ait été interpellée et à la brutalité et au manque de respect qu'elle a subi», s'est de son côté indigné Philippe Lamberts, co-président du groupe politique (Verts-ALE) auquel appartient la députée.

Le déni de la police et le «contexte tendu»

Jointe par l'AFP, la police de Bruxelles a contesté avoir usé de violences. Le parquet a lui évoqué un comportement «agressif» ayant valu la rédaction à son encontre d'un procès-verbal pour «outrage».

«Elle a voulu s'immiscer dans l'intervention, elle filmait la scène et a d'abord refusé de s'identifier quand on le lui a demandé», a déclaré Audrey Dereymaeker, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Nord.

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«C'est exact qu'il y a eu une fouille de sécurité avec une courte privation de liberté, le temps de vérifier son identité, c'est le suivi de la procédure habituelle», a-t-elle ajouté, précisant que la fouille a été réalisée par une femme policière.

Selon elle, les policiers intervenaient dans un contexte tendu. Le contrôle d'identité initial visait deux personnes jugées suspectes après «une agression violente» dans le quartier.

Ni la police ni le parquet de Bruxelles n'avait eu connaissance mercredi après-midi d'un dépôt de plainte de l'eurodéputée. Il revient au parquet de décider des suites de l'enquête.

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