La blockchain sauvera-t-elle la finance mondiale?

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Notoriété grandissante du bitcoin aidant, la blockchain s’est imposée dans les esprits en devenant le mot magique. Le secteur financier, toujours à l’affût du prochain krach et anxieux de la situation post-Covid-19, a accéléré son intérêt et surtout la mise en place de cette technologie, de même que les États anti-dollar.

Qu’est-ce donc que cette blockchain? Schématiquement, c’est une technologie numérique qui repose sur deux piliers: la sécurisation des transactions par la vérification roborative des précédentes, ainsi chaque nouvelle opération est plus sûre en raison de l’utilisation d’une technique cryptographique se renforçant graduellement, et l’enregistrement sur un livre comptable numérique au sein des blocs, qui permet ainsi de retrouver trace des transactions passées avec un haut degré de certification.

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Les échanges entre les particuliers, les entreprises et les institutions s’effectuant par l’entremise d’un réseau de nœuds, à la manière des échanges pair à pair, c’est-à-dire sans serveur central puisque chaque participant conserve sur son ordinateur les outils et les données pour communiquer et monnayer.

Enfin, pour être tout à fait exact, il serait même plus convenable d’évoquer les blockchains au pluriel en raison de leur diversité mais toutes reposent sur les deux principes évoqués précédemment.

Prometteuse et en pleine expansion, cette technologie peut-elle apporter une réponse aux craintes quant à une crise systémique financière? La Corée du Sud vient d’y répondre positivement en axant un programme de digitalisation de son secteur bancaire tout en prônant l’emploi à grande échelle de la blockchain d’ici 2030.

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L’expert en cybersécurité Frédéric Ocana répond aussi par la positive quant à la probabilité d’emploi de ladite technologie dans un futur proche par les acteurs financiers:

«La blockchain est très efficace pour la sécurisation des échanges de valeurs et l’authentification des titres officiels comme de propriétés ou de décisions d’investissements. Les mini-bonds, par exemple, sont tout à fait envisageables techniquement par ce moyen qui exige une vraie confiance entre investisseurs et entrepreneurs. Certains clients de secteurs médiatiques et/ou stratégiques pourraient bénéficier de plus de transparence dans l’usage de leurs fonds lorsqu’ils souscrivent à des projets spécifiques.»

Et de citer le cas d’une société industrielle qui s’engagerait à développer son département recherche et développement pour atteindre un taux de recyclage minimum de ses produits. Une possibilité offerte grâce à la traçabilité des sommes d’argent via la technologie des chaînes de blocs.

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Mais il va plus loin en expliquant que les monnaies locales pourraient prendre un essor solide et réel dans le temps grâce précisément à la blockchain. Et que les frais préservés par rapport à un système bancaire traditionnel pourraient être reversés dans des opérations territorialisées. Toutes les échelles d’application peuvent ainsi être concernées par les bienfaits de la blockchain, y compris les activités les plus quotidiennes puisque les modalités d’application sont facilitées grâce à la puissance et à la rapidité des connexions actuelles.

Frédéric Ocana mentionne cependant, à une échelle plus continentale, la velléité des hiérarques chinois de mettre sur pied un CryptoYuan assorti d’un apport substantiel de la blockchain en direction du secteur financier. L’expert y voit notamment trois raisons cruciales pour les pays qui l’adopteront:

«Premièrement, une monnaie décorrélée du dollar, ce qui signifie une indépendance réelle par rapport à la Fed [la Réserve fédérale américaine, ndlr] et ses manipulations [dont profite l’extra-territorialité du droit américain, ndlr]. Deuxièmement, l’aspect interbancaire avec un réseau parallèle à SWIFT [plateforme de droit belge rassemblant les institutions financières mondiales ayant vocation à faciliter les échanges entre celles-ci, ndlr]. Troisièmement, la maîtrise et la lisibilité des flux financiers assortie d’une taxation plus aisée.»

Si la crise des subprimes en 2007 a forcé le légendaire Satoshi Nakamoto à accoucher du bitcoin, lequel s’est imposé les années suivantes sur le devant de la scène financière, certaines voix avancent que la crise du coronavirus pourrait accréditer la technologie des chaînes de blocs.

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L’on associe souvent la monnaie virtuelle bitcoin à la blockchain au point de les assimiler hâtivement tant l’irruption de cette cryptomonnaie en 2008 a bouleversé l’horizon des services financiers en rompant avec l’habituel tiers de confiance, les établissements bancaires. Mais l’on n’a pas de prime abord perçu l’aspect potentiellement disruptif de la blockchain qui est le cœur nucléaire du bitcoin. De cette technologie découle deux apports majeurs: la confiance et la transparence. Mais sans l’immixtion d’un établissement financier en raison de la désintermédiation, et de façon induite, de coûts moindres en raison de l’absence de frais de structures et d’assurances inhérents aux transactions.

Paradoxalement, celle-ci pourrait œuvrer à justement raffermir l’ordre mondial financier… comme à accélérer sa transition vers un autre modèle.

Car la blockchain est fondamentalement une technologie neutre qui ne favorise ou ne lèse aucune partie par essence: c’est ensuite un choix stratégique opérée par des acteurs privés et/ou publics. La blockchain peut ainsi tout à fait être employée contre le système financier, ce fut l’idée du bitcoin, comme elle peut de la même manière être intégrée dans une procédure visant à renforcer ce même système financier, ainsi la banque centrale autrichienne va lever 1,15 milliard d’euros par le truchement de la blockchain Ethereum.

Alors s’il est encore trop tôt pour prétendre que la blockchain évitera le prochain séisme financier, elle devrait cependant s’imposer progressivement et inexorablement dans le paysage de ce secteur eu égard à ses qualités intrinsèques et à sa modularité.

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