Burkina Faso: qu’y a-t-il derrière la cabale contre les présidentiables de l’opposition?

© Photo Pixabay / AluminumAzalea / Monument des Martyrs, Burkina Faso, OuagadougouMonument des Martyrs, Burkina Faso, Ouagadougou
Monument des Martyrs, Burkina Faso, Ouagadougou - Sputnik Afrique
S'abonner
Au Burkina Faso, l’UPC, le principal parti d’opposition, accuse le pouvoir de mener une vaste campagne de «dénigrement et de fake news» sur les réseaux sociaux contre Zéphirin Diabré, son candidat à la présidentielle de novembre. Le parti présidentiel s’en défend et dénonce quant à lui une «œuvre d’adversaires de la démocratie».

Dans un communiqué publié le 24 juin sur sa page Facebook, l'Union pour le progrès et le changement (UPC) s’est insurgé contre une cabale menée envers son président Zéphirin Diabré.

La première force politique de l’opposition burkinabè a accusé le pouvoir de s’adonner sur les réseaux sociaux, en particulier sur une page Facebook dénommée «Pour le Président Roch Marc Christian Kaboré», à une campagne visant à dénigrer et à véhiculer des fake news sur son porte-drapeau pour la présidentielle de novembre prochain.

En effet, sur cette page Facebook qui existe depuis avril 2020 et qui est essentiellement dédiée à faire la promotion du Président sortant Roch Kaboré et défendre son bilan, des montages vidéo régulièrement diffusés tournent en dérision Zéphirin Diabré, qui a été son adversaire malheureux à l’élection présidentielle de 2015.

Mais il n’est pas le seul, car un autre opposant, Eddie Komboïgo, lui aussi candidat à la présidentielle de 2020 pour le compte du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, le parti de l’ex-Président Blaise Compaoré), en prend aussi pour son grade.

Joint par Sputnik, le député Moussa Zerbo, porte-parole de l’UPC, assure que le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti présidentiel) est «derrière toute cette manipulation».

«Le MPP a échoué sur toute la ligne dans sa gestion du pouvoir. Et comme le MPP et son candidat sont vomis partout au Burkina Faso, ils essaient de procéder par des coups bas et des manipulations pour salir la réputation du candidat de l’UPC», a-t-il déclaré.

Selon Moussa Zerbo, «il n’est pas question que l’UPC se rabaisse à entrer dans le jeu du MPP».

«L’œuvre d’adversaires de la démocratie»

Interrogé par Sputnik, le député Bindi Ouoba, porte-parole du MPP assure que «contrairement à ce que semble penser l’UPC, ce n’est pas au MPP que profite ce crime».

«Le MPP condamne ces actes qui ne viennent pas de lui et dans lesquels il ne se reconnaît absolument pas. La lecture que nous faisons des faits, c’est que ceux qui sont derrière ces actes sont des adversaires qui veulent fragiliser la démocratie au Burkina Faso», a-t-il déclaré.

Le MPP a-t-il intérêt à dénigrer un opposant afin de pouvoir rempiler en 2020? Bindi Ouoba assure que non car, selon lui, le bilan du Président Roch «parle en sa faveur».

«Le Président Roch Kaboré a tellement d’acquis par rapport aux promesses faites à son arrivée au pouvoir que nous n’avons pas même besoin de recourir à pareils procédés, que nous récusons, d’ailleurs, par principe. C’est que, en toutes circonstances, dans nos rapports avec l’opposition, jamais nous n’avons été discourtois. D’ailleurs, les Burkinabè n’ont pas cette culture de boxer en dessous de la ceinture en dénigrant des hommes politiques. Mais aussi, nous avons pleinement conscience que dans l’intérêt du peuple burkinabè, il faut une opposition forte et crédible», a-t-il poursuivi.

Pour le porte-parole du MPP, «il est bien dommage que les responsables de l’UPC se laissent embobiner par ces adversaires de la démocratie», le Burkina Faso ayant besoin que «ses fils soient unis».

Une présidentielle pour consolider l’après Compaoré

Le 22 novembre prochain, les Burkinabè se rendront aux urnes pour élire leur Président lors d’une élection présidentielle couplée aux législatives.

Centre-ville de Ouagadougou - Sputnik Afrique
Au Burkina Faso, le principal parti de l’opposition dénonce une campagne présidentielle avant l’heure
Pour Sylvain Nguessan, directeur de l’Institut de stratégies d’Abidjan et observateur de la vie politique burkinabè, les enjeux du scrutin présidentiel de 2020 concernent avant tout «la consolidation de l’après Blaise Compaoré [chassé en octobre 2014 par une insurrection populaire après 27 ans au pouvoir, ndlr] par un enracinement profond de la bonne gouvernance».

«Il faut y ajouter aussi d’autres enjeux majeurs comme la réforme du secteur de la sécurité en vue d’une armée efficace pour contenir et vaincre le terrorisme, ainsi que la mobilisation des ressources afin d’assurer la sécurité des personnes pour dissuader certaines populations de soutenir les terroristes», a déclaré à Sputnik l’analyste politique.

Candidat à sa propre succession, le Président Roch Kaboré devrait être investi lors d’un congrès extraordinaire de son parti le 11 juillet prochain. En 2015, il avait été élu dès le premier tour avec 53,49% contre 29,65% pour son adversaire direct Zéphirin Diabré.

Mais pour 2020, le scrutin s’annonce plus serré, notamment avec la participation cette fois de proches, dont Eddie Komboigo, de Blaise Compaoré qui n’avaient pas été autorisés à se présenter en 2015.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала