Une traductrice française accepte «être un agent double ou triple» de la culture russe - vidéo

© Sputnik . Oxana BobrovitchLes dictionnaires français et russes
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Les traducteurs littéraires, souvent dans l’ombre de l’auteur, guident pourtant le lecteur dans un monde qui leur serait sinon inaccessible. Anne Coldefy-Faucard, lauréate du Prix Russophonie 2020 pour la meilleure traduction du russe en français, soulève le voile sur les secrets de sa cuisine.

Même si le lecteur français averti croit bien connaître la littérature russe, il ne peut atteindre Tchékhov ou Dostoïevski que par l’entremise du travail minutieux des traducteurs. Ceux-ci commencent tout juste à être appréciés à leur juste valeur. Comment ne pas tomber dans le piège des clichés culturels ou politiques, comment ne pas trahir l’auteur, comment fidéliser le lecteur et le pousser aller plus loin dans la lecture? Tels sont les thèmes que Sputnik aborde avec Anne Coldefy-Faucard, traductrice et éditrice, ancienne professeur de littérature russe et lauréate du Prix Russophonie 2020 pour la meilleure traduction du russe en français.

Cette guide dans le monde russe littéraire, qui a traduit des classiques –Dostoïevski, Tchekhov, Bounine et Gogol –, mais aussi des contemporains comme Vladimir Sorokine ou Svetlana Alexievitch, est la cofondatrice des éditions parisiennes L’Inventaire. Elle dirige également les éditions Nouveaux Angles, à Moscou.

«La lecture n’a pas disparu, mais énormément baissé en France, raconte Anne Coldefy-Faucard, ce qui rend plus difficile de faire passer la littérature russe contemporaine –exigeante et qui va en profondeur –, dont on a peu d’équivalents dans la littérature française.»

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La traduction française de Vladimir Sorokine reçoit le Prix Russophonie
«Traduire» des images russes pour un lecteur français représente, d’après la , une double difficulté: d’une part, en raison de la tentation «d’adapter», en francisant, le monde russe, au risque de le trahir, et d’autre part, du risque de se noyer dans l’excès de notions, d’objets et d’une syntaxe russe incompréhensible aux Français. «Les deux extrêmes sont ridicules! Il ne faut pas tomber dans le folklore, mais montrer quand même au lecteur que c’est un texte russe», résume Anne Coldefy-Faucard.

Une femme de l’être donc, qui s’amuse des polémiques contemporaines, acceptant en riant d’être un agent de «Soft-Power russe». «D’autant plus» qu’elle encadre le projet d’une bibliothèque russe en France, avec le concours d’organismes russes, comme l’Institut de la traduction ou l’Agence de Presse, mais aussi de l’Académie française.

«Si être un agent russe, c’est faire ce que je fais pour la littérature russe, mon Dieu, je veux bien être un agent double ou triple! Il est important d’élargir le champ de vision des gens!», s’exclame Anne Coldefy-Faucard.
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