Vague verte aux Municipales? Un «schéma de grappillage de points» contre la gauche et LREM

© AP Photo / Laurent CiprianiGrégory Doucet
Grégory Doucet - Sputnik Afrique
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Abstention record, «vague verte», déconvenue pour le parti présidentiel, stagnation des Républicains, divisions à gauche… Au micro de Sputnik France, le politologue Frédéric Saint Clair revient sur les leçons politiques à tirer du second tour des élections municipales.

Près de 60% d’abstention: trois Français sur cinq, appelés à voter lors de ce deuxième tour des élections municipales, ne se sont pas rendus aux urnes. Ce sont 20 points d’abstention en plus par rapport au même scrutin en 2014.

«Il y a un glissement continu de la participation aux élections municipales depuis 40 ans», souligne au micro de Sputnik Frédéric Saint Clair.

Le politologue, auteur de plusieurs ouvrages concernant la vie politique française estime que ce piètre score «s’explique en grande partie à cause de la crise sanitaire», mais que ce n’est pas la seule raison.

​Si ce faible taux de participation invite à ne tirer que prudemment des conclusions de ce scrutin, certaines tendances politiques peuvent tout de même être observées.

«Vague écologiste»

C’est notamment le cas sur ce que les médias ont appelé à l’unisson la «vague verte».

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«On peut parler de vague, car des villes de poids ont été remportées. Il y a un mouvement de fond dans la société française qui traduit une préoccupation écologique croissante. Dans ce contexte d’abstention record, ce sont ceux qui ont l’étiquette “écolo” qui semblent avoir su tirer leur épingle du jeu», souligne Frédéric Saint Clair.

À l’avenir, surtout au niveau local, les différents partis politiques devront articuler leurs propositions en prenant mieux en compte cette variable, indique le politologue: «Ce qui compte désormais, c’est ce qu’on met derrière cette étiquette “écologiste”.»

LREM face à ses contradictions sur l’écologie

Ce souci écologique est d’ailleurs la principale raison qui explique les scores plus que modestes réalisés par LREM dans certains grands centres urbains, selon Frédéric Saint Clair, ancien chargé de mission auprès de Dominique de Villepin alors qu’il était Premier ministre. Au niveau municipal, beaucoup d’électeurs, notamment les «bobos urbains», qui auraient pu voter LREM, «ne voient pas d’inconvénient à agrémenter leur ville d’un peu de verdure et se dirigent donc vers un vote écolo».

De ce point de vue, l’implication de l’exécutif dans des projets comme la Convention citoyenne pour le climat n’est certainement pas anodine. Pour Frédéric Saint Clair, à la Présidentielle, Emmanuel Macron devra jouer un délicat jeu d’équilibriste entre un programme ayant un attrait écologique plus important, sans pour autant perdre des voix sur son aile droite. Le politologue précise tout de même:

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«Les dynamiques d’une élection présidentielle sont différentes. Même si le souci écologique est à prendre en compte pour le parti présidentiel, le schéma observé lors de cette Municipale n’est pas tout le temps applicable lors d’un scrutin présidentiel, où les électeurs font plus attention à l’économie.»    

À droite aussi, les scores mitigés réalisés par Les Républicains ne reflètent guère leurs performances au niveau national. Dans un scrutin comme les Municipales, beaucoup d’électeurs font primer la personnalité du candidat sur son étiquette, ce qui a tendance à fausser les conclusions qui peuvent être tirées sur les tendances politiques au niveau national. C’est particulièrement vrai pour un parti comme Les Républicains, estime Frédéric Saint Clair.

Clarifications nécessaires à gauche

Si les partis de gauche connaissent de leur côté des résultats en demi-teinte, c’est que les écologistes ont appliqué à leur encontre «le même schéma de grappillage de points» que vis-à-vis de LREM. Mais si Frédéric Saint Clair estime que dans le cas d’une élection présidentielle, En Marche! n’en souffrirait guère, il pense que ce ne serait pas le cas des partis les plus à gauche de l’échiquier politique:

«On a un discours de La France insoumise proche des écolos, mais qui, pour des raisons diverses, ne convergent pas politiquement. Jean-Luc Mélenchon va devoir clarifier sa position à la Présidentielle.
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Cinq points à retenir du second tour des municipales
S’il y a une guerre d’egos entre lui et– probablement– Yannick Jadot, ça fera perdre les deux camps, mais ça ferait surtout perdre Mélenchon. Compte tenu de la tendance politique, il est fort probable que les Verts maintiennent de bons résultats.»

Une analyse pessimiste à laquelle le leader de la France insoumis refuse de souscrire. Pour lui, «il est très difficile de tirer des enseignements d’une situation dans laquelle tant de gens s’abstiennent, où il y a un tel néant civique qui se dresse en face des listes».

De son côté, le RN a salué une victoire symbolique à Perpignan, ville dans laquelle il a réussi à faire sauter le «front républicain» mis en place face à Louis Aliot. Néanmoins, cette victoire maquillerait un bilan plutôt négatif, surtout en comparaison avec les résultats du même parti en 2014.

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