La France condamnée par la CEDH pour manque d'assistance à des demandeurs d'asile

© AFP 2023 PATRICK HERTZOG La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)
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«Les autorités françaises ont manqué (…) à leurs obligations» à l’encontre des demandeurs d’asile, contraints de vivre «dans la rue» et «privés de moyens de subsistance», a indiqué la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour les «conditions d’existence inhumaines et dégradantes» de trois demandeurs d’asile, contraints de vivre «dans la rue» et «privés de moyens de subsistance».

«Les autorités françaises ont manqué (…) à leurs obligations» à l’encontre des trois majeurs isolés, afghan, russe et iranien, âgés de 27, 33 et 46 ans et «victimes d’un traitement dégradant témoignant d’un manque de respect pour leur dignité», a estimé dans un communiqué la juridiction basée à Strasbourg.

«Elles doivent être tenues pour responsables des conditions dans lesquelles les requérants se sont trouvés pendant des mois, vivant dans la rue, sans ressources, sans accès à des sanitaires, ne disposant d’aucun moyen de subvenir à leurs besoins essentiels et dans l’angoisse permanente d’être attaqués et volés», a pointé la Cour.

«Victimes d’un traitement dégradant»

«Les requérants ont été victimes d’un traitement dégradant témoignant d’un manque de respect pour leur dignité», ajoute la juridiction chargée de veiller au respect des droits de l’Homme au sein des 47 pays du Conseil de l’Europe.

Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg - Sputnik Afrique
Pour la 1ère fois en 6 ans, une délégation de juges russes en visite officielle à la CEDH
Elle observe encore que les trois hommes ont «vécu dans la rue sans ressources financières», ne percevant l’Allocation temporaire d’attente (ATA) qu’après des délais très longs.

Par ailleurs, «avant de pouvoir faire enregistrer leur demande d’asile, ils ont été soumis «à des délais pendant lesquels ils n’étaient pas en mesure de justifier de leur statut de demandeur d’asile».

Pour les juges strasbourgeois, «cette situation a suscité chez eux des sentiments de peur, d’angoisse ou d’infériorité, propres à conduire au désespoir».

La Cour prend toutefois bien soin de «souligner qu’elle est consciente de l’augmentation continue du nombre de demandeurs d’asile depuis 2007 et de la saturation» des structures d’accueil.

Elle reconnaît également «les efforts consentis par les autorités françaises pour créer des places d’hébergement supplémentaires et pour raccourcir les délais d’examen des demandes d’asile».

Toutefois, elle estime que «ces circonstances n’excluent pas que la situation des demandeurs d’asile ait pu être telle qu’elle est susceptible de poser un problème» quant au respect par la France de l’article 3 de la Convention» européenne des droits de l’homme (interdiction des traitements inhumains et dégradants).

La Cour a donc conclu «à l’unanimité» à la violation de cet article et a notamment alloué 10.000 euros à deux des requérants et 12.000 euros au troisième au titre du dommage moral.

C’est la quatrième fois que la France est condamnée par la CEDH en moins d’un mois.

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