«Sourate corona»: la parodie du Coran qui pourrait coûter trois ans de prison à une Tunisienne

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Jeudi 2 juillet, Emna Al-Chargui, une étudiante tunisienne, comparaît devant la justice pour avoir partagé une parodie du Coran, dont elle n’est pas l’auteure. Elle risque la prison. Composée par un Algérien résidant en France sous le titre «Sourate corona», la chanson incite les gens à observer les règles d’hygiène sanitaire contre le Covid-19.

L’étudiante tunisienne de 28 ans Emna Al-Chargui comparaît à nouveau jeudi 2 juillet devant la cour correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis, pour avoir partagé le 4 mai sur son compte Facebook une parodie du Coran sous le titre «Sourate corona», a rapporté le site d’information Webdo.

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La parodie en question a été composée par un Algérien résidant en France, dans le but de sensibiliser ses concitoyens au danger du coronavirus. Emna Al-Chargui avait uniquement partagé cette publication.

Après une première comparution le 28 mai, l’étudiante a dû attendre le jeudi 2 juillet. Poursuivie pour «atteinte au sacré et aux bonnes mœurs», elle risque une peine de trois ans de prison ferme assortie d’une amende de 600 euros.

Que dit le texte de la parodie?

Le texte a été rédigé en arabe d’une façon humoristique en adoptant le style du Coran.

«Covid, et le virus exterminateur. Ils sont étonnés qu’il soit venu de la Chine lointaine. Les idolâtres disent que c’est une maladie tenace. Non, mais c’est la mort certaine. Il n’y a point de différence entre les rois et les esclaves. Accrochez-vous à la science et laisser tomber les traditions. Ne sortez pas pour acheter la semoule. Et restez chez vous, car c’est un malheur terrible. Et lavez-vous les mains avec du savon neuf. Ainsi, le grand Jilou [faisant référence à un Dieu, ndlr] a dit vrai.»

Lors de sa première comparution le 28 mai, Emna Al-Chargui a déclaré à l’agence France-Presse (AFP) que «ce qui m’arrive n’est pas normal du tout! Pour un partage d’une publication qui n’est en plus pas la mienne je deviens une accusée et une victime de menaces de mort».

La société civile se mobilise

Suite à sa convocation par la justice, de nombreuses associations et ONG de défense des droits de l’Homme se sont mobilisées pour soutenir l’étudiante.

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«La poursuite d’Emna Al-Chargui est une illustration de la manière […] dont les autorités continuent d’utiliser des lois répressives pour saper la liberté d’expression», a déclaré Emna Guellali, responsable d’Amnesty International Tunisie, citée par Webdo. «Elle risque une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans simplement pour avoir partagé un message satirique sur Facebook», a-t-elle dénoncé, soulignant qu’«un tel procès envoie le message que toute personne osant exprimer une opinion controversée sur les réseaux sociaux risque d’être punie».

Pour sa part, l’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’État a estimé qu’il était anormal «qu’Emna Al-Chargui ait pu être déférée devant le parquet pour atteinte au sacré et incitation à la violence, alors qu’aucune poursuite n’a été engagée contre ceux qui ont proféré contre elle des menaces de mort».

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