Manifestation de soignants: en cas de deuxième vague, «on ne sera pas prêts pour la crise»

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Alors que le Ségur de la santé arrive à son épilogue, des soignants de l’hôpital Saint-Louis à Paris continuent de manifester. Selon eux, les propositions du gouvernement ne vont pas régler les problèmes structurels liés au système de santé français. Reportage.

Après sept de semaines de négociations, un projet d’accord sur la répartition des 7,5 milliards d’euros promis aux salariés des hôpitaux a été établi entre le gouvernement et les syndicats. Conclu dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 juillet, celui-ci prévoit notamment une revalorisation des salaires à hauteur de 180 euros nets mensuels pour l’ensemble des personnels hospitaliers (infirmiers, aide-soignants, agents techniques administratifs), à l’exception des médecins, qui font l’objet de négociations séparées. Cette hausse se fera en deux temps: 90 euros au 1er septembre, puis 90 euros en mars 2021.

Une hausse de 180 euros

Interrogé par Sputnik lors d’une manifestation, ce jeudi 9 juillet, aux abords de l’hôpital Saint-Louis (Paris Xe), Anthony, infirmier, estime que «sur dix ans, c’est ridicule, ça fait longtemps que l’on aurait dû être augmentés tous les ans pour être à la hauteur de plein de pays en Europe.»

​Pour Sylvie, infirmière à l’hôpital Saint-Louis, cette revalorisation est une «aumône».

«Ce n’est pas avec 180 euros que les collègues vont rester […] On a 30% des collègues qui s’en vont au bout de cinq ans, c’est catastrophique, car il faut reformer […] 300 euros, c’était le minimum que l’on demandait, on n’était pas exigeants, avec les difficultés que l’on a avec le personnel, les lits qui ferment», détaille Sylvie, infirmière à l’hôpital Saint-Louis.

Et de poursuivre,

«De surcroît, le gouvernement nous dit que c’est ça ou rien. Si jamais les syndicats ne signent pas, ça veut dire que l’on n’aura rien du tout. Ils s’en foutent complètement de nos revendications, la santé des gens ce n’est pas leur problème, c’est Airbus, c’est Renault», estime-t-elle.

En effet, à l’entame du Ségur de la santé, les syndicats réclamaient une hausse mensuelle de 300 euros net pour l’ensemble des personnels. «Même si ce n’est pas suffisant pour rattraper le retard accumulé depuis des décennies», cet accord «a le mérite d’exister», a déclaré à l’AFP Ève Rescanières de la CFDT-Santé.

Crainte d’une seconde vague

Au-delà de la question salariale, le manque de personnel représente un défi pour l’avenir du système de santé français. Pour répondre à cette problématique, le projet d’accord comprend un volet sur l’emploi. 15.000 embauches sont ainsi prévues. Une première moitié consistera en des créations de postes et la seconde sera dédiée à des recrutements sur des postes non pourvus. Par ailleurs, des hausses pour certaines primes, notamment pour les dimanches et jours fériés, sont au programme.

​Et face au contexte sanitaire, les soignants tirent de nouveau la sonnette d’alarme. En cas de deuxième vague, «on ne sera pas prêt pour la crise», craignent-ils.

«On ne sera pas à la hauteur, donc on va payer les dégâts qui ont été faits depuis des années durant les mandats précédents», regrette Anthony.

Les syndicats devront se prononcer d’ici lundi 13 juillet sur ce projet d’accord. Selon l’AFP, aucune nouvelle réunion de négociation n’est programmée. Le gouvernement espère conclure le «Ségur de la santé» vendredi 10 juillet, avant d’éventuelles annonces d’Emmanuel Macron la semaine prochaine.

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