Résurgence du Covid-19 en Algérie: «les citoyens pensent qu’ils ont la mort aux trousses», selon un responsable

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«Nous sommes à la croisée des chemins. Il faut absolument que tout le monde réagisse», a déclaré ce jeudi à la Chaine 3 de la Radio nationale le président du Comité scientifique chargé du suivi de l’épidémie de Covid-19 en Algérie. Il a mis en cause l’insouciance des citoyens et la défaillance des responsables locaux.

Le président du Comité scientifique chargé du suivi de l’épidémie de Covid-19 en Algérie, le Pr Mohamed Bekkat Berkani, a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi 9 juillet lors d’un passage sur la Chaine 3 de la Radio nationale quant à la résurgence exponentielle de la maladie suite au déconfinement. Il a pointé la responsabilité des autorités locales, mais aussi celle des citoyens. Selon lui, la situation épidémiologique est à un point de «rupture», alors que les Algériens sont dans un «état psychologique alarmant».

«Nous sommes dans une situation presque de rupture. Que chacun prenne ses responsabilités», lance le responsable qui déplore le fait qu’«au niveau local, on a laissé faire».

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Dans le même sens, le spécialiste avertit que «nous sommes à la croisée des chemins. Il faut absolument que tout le monde réagisse. Nous sommes dans une situation psychologique qui est alarmante. Les citoyens pensent qu’ils ont la mort aux trousses».

Défaillances au niveau local

Pour M.Berkani, l’application sur le terrain des décisions prises par les hautes autorités du pays dépendent de l’autorité locale. «Le wali [le préfet, ndlr] qui est dépositaire de l’autorité de l’État doit agir en fonction de tout ce qui a été décidé par le gouvernement», souligne-t-il.

Et de constater que concernant «ce transfert de responsabilité, aujourd’hui, il y a une faille quelque part que ce soit au niveau politico-administratif, mais aussi au niveau sanitaire».

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D’après Mohamed Bekkat Berkani, bon nombre de directeurs de la Santé et de directeurs d’hôpitaux «n’arrivent pas à suivre les décisions qui ont été prises» par le gouvernement et peinent à faire remonter les préoccupations majeures des professionnels de la Santé «qui aujourd’hui se plaignent tous». «Les professionnels de la Santé se plaignent depuis longtemps, les médecins sont au bord du burnout», martèle-t-il.

Détaillant ses préoccupations, le Pr Berkani estime qu’il est «inadmissible que l’on manque d’oxygène [dans les hôpitaux, ndlr]. Il est inadmissible que l’on manque de moyens de protection alors que nous avons passé des mois à dire que nous recevons des moyens de protection de la part de la Chine». «Où sont-ils? Où sont les tests rapides?», s’interroge-t-il. Pour lui, «tout ça, c’est une question d’organisation».

«Il fallait et il faut revenir à cet aspect basique de lutte contre l’infection, sinon les choses deviennent tout à fait incontrôlables», prévient-il.

L’évolution de la situation

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Avant le Pr Berkani, le Président Abdelmadjid Tebboune avait déclaré samedi 4 juillet sur France 24 que certains jeunes algériens ne croyaient pas en l’existence de la maladie du coronavirus. «Pour eux, tant qu’ils ne voient pas le virus, ils n’y croient pas», avait-il alors dit, appelant à la raison ceux qui pensent que l’État exploite cette épidémie pour étouffer l’opposition politique en empêchant le retour du Hirak.

Ainsi, l’insouciance de certains Algériens n’est pas restée sans impact sur l’évolution de la situation épidémiologique dans le pays. En effet, le porte-parole du comité scientifique, le Pr Djamel Fourar, a fait état lors d’un point presse ce jeudi 9 juillet de 460 nouveaux cas de contamination. Selon lui, le total des cas confirmés depuis le début de la maladie en Algérie s'élève à 17.808, soit 40 pour 100.000 habitants, dont 988 décès et 12.637 guérisons.

 

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