Soupçon d’espionnage? Amnesty classe le Maroc «sur le même pied d’égalité que le régime de Kadhafi», déplore un ministre

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«Amnesty International traite notre pays sur le même pied d’égalité que le régime de Mouammar Kadhafi [en Libye, ndlr]», a déclaré mercredi au Parlement marocain le ministre d’État chargé des droits de l’Homme, lors de son audition consacrée aux retombées du rapport de l’ONG accusant le pays d’espionner des journalistes.

La Commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants (chambre basse du Parlement) marocaine a auditionné mercredi 15 juillet le ministre d’État chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, à propos du rapport du 22 juin d’Amnesty International accusant le Maroc d’avoir espionné le journaliste Omar Radi avec le logiciel Pegasus développé par l’entreprise israélienne NSO Group Technologies. Le ministre a déploré lors de cette audition le fait que l’ONG traite le royaume chérifien comme un régime totalitaire, à l’image de celui de «Mouammar Kadhafi». Alors que le Maroc a exigé d’Amnesty International des preuves officielles de ses accusations, M.Ramid a néanmoins écarté l’éventualité de la fermeture des bureaux de l’ONG dans le pays. L’audition du ministre est intervenue deux jours après qu’Amnesty International a été déboutée dans son procès contre NSO Group Technologies en Israël.

«2014, une année qui a marqué un tournant»

Lors de son exposé, Mustapha Ramid a affirmé que les relations entre le Maroc et Amnesty International s’étaient dégradées depuis des années, mais d’une manière plus marquée depuis 2014, selon la vidéo de l’audition publiée par la Chambre des représentants.

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En effet, tout en rappelant que le royaume chérifien avait autorisé l’ONG à ouvrir un bureau sur son territoire en 1997, le ministre a affirmé que «2014 constituait une année charnière durant laquelle un tournant» s’était opéré dans leurs relations bilatérales. Selon lui, l’inscription en 2014 du Maroc par l’ONG sur la liste noire des États pratiquant la torture, notamment au Sahara occidental, aux côtés du Mexique, du Nigéria et de l’Ouzbékistan, a été la première pierre d’achoppement.

«Le Maroc n’est pas un paradis mais n’est pas non plus un enfer pour les droits humains», a affirmé le ministre, soulignant qu’«Amnesty International traitait notre pays sur le même pied d’égalité que le régime de Mouammar Kadhafi [en Libye, ndlr]».

Dans le même sens, M.Ramid a battu en brèche la méthodologie utilisée par les experts de l’ONG pour rédiger leurs rapports concernant les droits de l’Homme, soulignant que ces derniers se référaient uniquement à des sources anonymes, y compris quand le sujet touche à des questions sensibles relatives à «des accusations de tortures».

Le bureau d’Amnesty International restera ouvert au Maroc

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S’exprimant sur les rumeurs qui ont circulé dernièrement sur une prétendue volonté du royaume chérifien de fermer les locaux de l’ONG suite à son dernier rapport du 22 juin, le ministre a affirmé: «je peux vous dire que nous avons des divergences réelles avec Amnesty International, comme avec d’autres organisations». «Mais le Maroc n’ira pas jusqu’à fermer ses frontières aux organisations internationales, et encore moins de les oppresser ou de procéder à la mise sous scellés de leurs bureaux».

«Nous saluons le rôle que jouent depuis des décennies les organisations internationales, dont Amnesty International, dans la promotion des droits de l’Homme», a conclu Mustapha Ramid, précisant que la position du Maroc restait constante malgré son rejet «absolu des accusations aléatoires et sans preuves».

Amnesty perd son procès en Israël

Bien que NSO Group Technologies ait expliqué que ses solutions, notamment le logiciel Pegasus, étaient vendues à des clients étatiques dont les services de renseignement les utilisent dans la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues et les réseaux de pédocriminalité, Amnesty International a attaqué l’entreprise en justice, demandant à cette dernière de lui annuler sa licence d’exportation qui lui a été délivrée par le ministère de la Défense.

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Lors du procès qui s’est tenu lundi 13 juillet, le tribunal de Tel-Aviv a débouté l’ONG, affirmant que «le processus de vérification des activités de NSO par le ministère de la Défense était sérieux et approprié et prenait en compte tout un éventail de considérations commerciales, diplomatiques et technologiques», a rapporté le Jerusalem Post.

Pour la directrice d'Amnesty International en Israël, Molly Malekar, ce «verdict révèle l'impuissance du système judiciaire à amener le ministère de la Défense à la responsabilité et la transparence, ce qui est requis dans chaque État respectueux des lois», selon le média.
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