Commission mémorielle Algérie-France: l’historien Benjamin Stora «n’est pas le représentant de l’État français»

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Je ne suis pas le «représentant de l’État français» dans la commission mixte chargée avec l’Algérie du travail mémoriel, a déclaré sur RFI l’historien Benjamin Stora. Il a néanmoins précisé qu’il avait été «chargé par Emmanuel Macron de préparer un rapport sur la question» et de proposer des solutions aux blocages.

Contrairement à ce qui a été annoncé par le Président Abdelmadjid Tebboune, l’historien français Benjamin Stora n’a pas encore été désigné au poste de représentant de la France dans la commission mixte chargée du travail mémoriel entre les deux pays, comme il l’a lui-même indiqué dans une interview à RFI. Cependant, il a été chargé par le Président français de rédiger un rapport sur l’état des lieux de la mémoire commune et de proposer «des solution pour l’écriture de l’histoire», souligne-t-il.

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Dans un entretien pour la revue française L’Opinion publié le 13 juillet, le chef de l’État algérien salue son homologue français pour avoir restitué 24 crânes d’éminents résistants du XIXe siècle à la veille du 58e anniversaire de la Fête de l’Indépendance. Il annonce par ailleurs la création d’une commission bilatérale composée d’historiens pour accomplir ce travail mémoriel des deux côtés. À cet effet, il confie que «l’historien Benjamin Stora [le plus grand expert français de la colonisation et de la guerre d’Algérie, ndlr] a été nommé pour accomplir ce travail mémoriel du côté français».

Interrogé au sujet de cette commission mixte, l’historien affirme qu’il «n’a jamais été approché pour travailler dans le cadre d’une telle initiative entre les deux pays». Il insiste: il n’est pas, à ce moment-là, le «représentant de l’État français».

Suite à la nomination côté algérien du Pr Abdelmadjid Chikhi comme conseiller de la présidence de la République chargé des archives et de la mémoire, M.Stora explique que le fait que Macron lui ait demandé «de faire un rapport sur l’état de cette mémoire et comment faire pour avancer, c’est-à-dire trouver des solutions sur le plan pratique au niveau de l’écriture de l’Histoire» est «important et intéressant». «Je ne peux que me féliciter du fait que les deux responsables d’État puissent encourager ce type de production», ajoute-t-il.

«L’Algérie et la France ont besoin l’une de l’autre»

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Pour assoir des relations saines et renouvelées entre les deux pays, Benjamin Stora estime qu’il faut «avancer vers une relative paix des mémoires pour précisément affronter les défis de l’avenir».

Il ne faut pas «rester prisonniers tout le temps du passé parce que l’Algérie et la France ont besoin l’une de l’autre, on le sait, sur toute une série de questions notamment économiques, questions migratoires, questions du terrorisme, etc.», souligne-t-il.

«Une histoire à enjeux» des deux côtés

«L’histoire en Algérie comme en France est une histoire à enjeux», affirme Benjamin Stora. Et d’expliquer qu’«en France, il y a encore des groupes de mémoire qui se revendiquent de l’Algérie française, qui sont dans l’antigaullisme, qui restent dans l’antigaullisme, ancrés dans cette mémoire». «En Algérie, il y a aussi des mémoires qui sont ancrées dans un nationalisme outrancier et très identitaire qui se légitime de cette manière-là», soutient-il.

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Ainsi, pour dépasser cette difficulté, l’historien considère il n’est possible de faire l’économie d’une «histoire qui soit celle des faits eux-mêmes et qui ne soit pas une histoire idéologisée en permanence, ou instrumentalisée en permanence».

Enfin, M.Stora pense que «si on peut effectivement être encouragés, notamment par la création de postes, par l’accès aux archives, par la libre circulation d’une rive à l’autre de la Méditerranée, si on peut faire en sorte que cette coopération soit fructueuse pour aider les historiens à rédiger cette histoire, bien entendu je n’en suis que plus favorable».

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