Au Cameroun, un gendarme mort pour une «envie pressante»

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Un gendarme a été mortellement battu lors d’une bagarre dans une agence de transport interurbain au Cameroun. Faute de petite monnaie, il aurait refusé de régler sa facture de 100 FCFA (0,15 euro) après son passage aux toilettes. Une tragique altercation s’en est suivie avec les gardiens des lieux. Un fait divers qui a bouleversé le pays.

Le drame date de quelques jours, mais il continue d’alimenter les Unes des médias camerounais et de susciter des réactions passionnées dans la rue et sur les réseaux sociaux. Les faits se sont déroulés à Douala, capitale économique du pays, dans les locaux d’une agence de transport terrestre. C’est là que le maréchal de logis Armel Joseph Lipembe a trouvé la mort dans des toilettes publiques, alors qu’il avait réussi à y échapper dans le Sud-ouest, embrasé par la crise anglophone et où il était en mission.

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Avec un autre militaire, Lipembe attendait, la nuit du 22 au 23 juillet, un départ de bus pour Yaoundé, relate notamment le site de la radio-télévision gouvernementale CRTV. Pris d’une envie pressante, ils vont tous deux se réfugier dans les toilettes de l’agence pour se soulager. Seulement, à leur sortie des latrines, les gardiens des lieux exigeront qu’ils paient la somme de 100 FCFA (0,15 euro) comptant pour la facture du service. Incapable de s’exécuter faute de petite monnaie, l’un des gendarmes va durcir le ton et la bagarre éclate: il va être tué à coups de latte. L’autre, grièvement blessé, va être conduit dans une formation hospitalière de la ville.

Indignation collective

Cette mort inopinée a ému le pays entier. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes n’ont pas caché leur indignation. D’autres ont du mal à s’expliquer pourquoi l’accès aux toilettes publiques d’une agence de transport doit être soumis à un paiement.

Alors qu’une enquête judiciaire a été ouverte, aucune sanction du ministère de tutelle (Transports) n’a été enregistrée à ce jour contre l’agence en question. Toutefois, «tous les agents impliqués dans ces échauffourées sont en détention ainsi que l’ensemble du personnel de nuit présent à l’agence au moment de la survenue de ce drame, jusqu’au chef d’agence», même s’il était à son domicile au moment des faits, précise l’agence de transport dans un communiqué publié au lendemain du drame.

Certains hommes politiques, comme Cabral Libii, député de l’opposition et ancien candidat à la Présidence de la république, a dans un message sur Twitter exprimé sa désolation face à cette tragédie.

​Si beaucoup se limitent aux faits tels qu’ils se sont produits, Franck Essi, homme politique et secrétaire général du CPP (Cameroon People’s Party), va au-delà, en «politisant» le drame. Interrogé par Sputnik, ce citoyen de la ville de Douala estime que cet incident est le résultat d’un malaise systémique: «il n’est pas mort à cause de 100 FCFA. Il est mort à cause d’un faisceau de plusieurs raisons, qui pour ma part sont des éléments structurels».

Pour ce dernier, il faut questionner les faits afin de dégager les responsabilités:

«Pour moi, il est mort par exemple à cause de la mauvaise formation des agents officiant dans cette agence en particulier et dans nos agences de transport en général. Il est mort à cause de l’absence manifeste de procédures dans cette entreprise pour gérer certains cas de figure. Il est mort à cause de la faillite de la régulation étatique dans le domaine des transports en particulier, mais dans tous les secteurs en général. Il est mort à cause de l’effondrement des valeurs de notre société», estime l’homme politique.

Dans le pays, ce fait divers tragique a ouvert le débat autour de certains services payants dans les espaces publics. Si aucun texte spécifique ne régit ce cas précis, pour certains citoyens, les agences de transport où les toilettes publiques sont à usage commercial doivent revoir leur stratégie. «Peu évident», rétorquent d’autres dans la mesure où, généralement le service d’hygiène de ces agences est sous-traité par des tiers qui essaient de rentabiliser.

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