Le dossier libyen, nouvelle pomme de discorde entre l'Algérie et le Maroc? L'Arabie saoudite s'en mêle

© AP Photo / Felipe DanaTripoli, Libye
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«Nous nous engageons à coordonner avec l’Algérie et nous allons tenter avec les pays du voisinage de parvenir à un règlement qui préserve ce pays [la Libye, ndlr] et lui permette de retrouver sa stabilité», a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, sans citer le Maroc qui soutient la solution du président du Parlement de Tobrouk.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, l'émir Fayçal Ben Farhane Al-Saoud, a affirmé mardi 28 juillet lors d’un point presse à Alger, après une rencontre avec le Président Tebboune, que Ryad adoubait l’approche algérienne pour la résolution du conflit armé en Libye, rapporte l’Algérie Presse Service (APS). Selon lui, les pays voisins directs de la Libye, l’Égypte et la Tunisie, ont «un rôle central» à jouer.

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Cette rencontre est intervenue un jour après que le Maroc a reçu deux imminentes personnalités politiques libyennes: le président du Parlement de Tobrouk (à l’Est) Aguila Saleh Issa, et le président du Haut conseil de l’État libyen (à l’Ouest) Khaled Al-Michri. Les deux responsables étaient venus chercher le soutien du royaume chérifien à la solution proposée par M.Saleh et l’Égypte qui consiste à créer un gouvernement d’union nationale incluant toutes les factions libyennes. Cette solution, selon Aguila Saleh Issa, ne contredit pas l’accord signé en décembre 2015 à Skhirat, au Maroc.

Mais dans sa déclaration à la presse algérienne, le ministre saoudien a ignoré ces accords et le rôle de Rabat dans la résolution du conflit libyen.

En effet, le chef de la diplomatie saoudienne a insisté sur «le rôle important et central des pays du voisinage [l’Algérie, l’Égypte et la Tunisie, ndlr] dans le règlement pacifique du conflit en Libye en vue de protéger ce pays frère contre le terrorisme et les ingérences étrangères». «Nous nous engageons à coordonner avec l’Algérie et nous allons tenter avec les pays du voisinage de parvenir à un règlement qui préserve ce pays et lui permette de retrouver sa stabilité», a-t-il ajouté.

L’Algérie et la Maroc, deux visions de la solution

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Les autorités algériennes estiment que le conflit libyen nécessite une solution politique pacifique conformément aux «principes de la conférence de Berlin, à laquelle avaient pris part l’Algérie ainsi que toutes les parties libyennes», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum lors d’un entretien accordé à RT Arabic durant sa visite les 21 et 22 juillet à Moscou.

Avant lui, le Président Abdelmadjid Tebboune avait signifié dans une déclaration à la revue française L’Opinion le refus de son pays de toute démarche qui sort du cadre de la conférence de Berlin, rejetant ainsi la solution proposée par Aguila Saleh Issa et l’Égypte.

Le Maroc a néanmoins apporté son soutien à cette initiative. Pendant d’une conférence de presse conjointe avec le responsable libyen, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a considéré que l'initiative du président du Parlement de Tobrouk était un «développement positif» pour faire avancer l'accord de Skhirat dans ses aspects institutionnels, selon Médias 24.

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Cette initiative «dispose de nombreux aspects sur lesquels l'on peut se reposer pour développer les institutions libyennes, qu'il s'agisse du Conseil présidentiel ou des autres organes», a-t-il ajouté.

Dans le même sens, M.Bourita a souligné que «la présence de nombreuses initiatives fait partie du problème et n'est donc pas une part de la solution, dans la mesure où la Libye ne constitue pas un fonds de commerce diplomatique».

Alger réagit

Lundi 27 juillet, alors qu’Aguila Saleh Issa et Khaled Al-Michri étaient encore à Rabat, le chef de la diplomatie algérienne a appelé son homologue du Gouvernement d’union nationale (GNA), Mohamed Taher Siala.

selon un communiqué publié sur la page Facebook du ministère libyen des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a au cours de cet entretien abordé «les mécanismes de coordination entre les deux pays en vue d’un retour au processus politique et le dialogue politique en Libye et le rôle que joue l’Algérie à cet égard».

Le sommet de Berlin, auquel ont pris part l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Turquie en l’absence du Maroc et de la Tunisie, a abouti sur la nécessité de créer une commission de suivi selon la formule 5+5. Les principaux pays concernés par le conflit en Libye ont promis de respecter un embargo sur les armes. Les participants aux pourparlers se sont engagés à ne pas aider les parties en conflit.

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