Au Cameroun, la ville de Douala prise au piège des inondations-images

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Une inondation d’une ampleur inédite vient de frapper Douala, la capitale économique du Cameroun. Cette catastrophe, causée par de fortes pluies, a paralysé la métropole, provoquant des dégâts matériels inestimables et suscitant une vague d’émotion. Alors que la ville peine à se remettre de cette tragédie, la météo annonce de nouvelles averses.

La ville de Douala s’est réveillée les pieds dans l’eau le vendredi 21 août dernier. Après de fortes pluies qui se sont abattues sur la ville la nuit et toute la matinée du vendredi, le pire est arrivé: une inondation inédite depuis le début de cette saison pluvieuse. Des quartiers résidentiels aux quartiers commerçants, toute la métropole économique a pris une douche froide.

Les eaux ont fait irruption dans des domiciles, forçant les occupants à s’enfuir ou à se réfugier sur les toits pour certains. Les principales artères de la ville ont été prises en otage pendant des heures. Des scènes invraisemblables qui ont fait le tour des réseaux sociaux et ont suscité une vague de tristesse dans le pays.

À la suite de cette catastrophe, qui a laissé sans abri de nombreuses familles, plusieurs responsables camerounais ont effectué des descentes sur le terrain pour prendre la mesure de la situation.

​Après Célestine Ketcha Courtes, ministre de l’Habitat et du Développement urbain, le ministre de l’Administration territoriale Paul Antanga Nji est descendu sur les lieux du sinistre ce lundi 24 août, muni d’un don du Président Paul Biya pour les victimes de ces pluies diluviennes.

Un cercle vicieux

Quelques jours avant cette catastrophe naturelle, l’observatoire national sur les changements climatiques (ONAC) avait évoqué un «risque très élevé des cas d’inondations à travers le Cameroun». Seulement, rien n’a été fait pour limiter les dégâts. Située en bordure de l'océan Atlantique, au fond du golfe de Guinée à l'embouchure du fleuve Wouri, la ville de Douala est coutumière du fait en saison d’hivernage.

Le nouvel épisode de ce feuilleton, qui se répète de manière cyclique, est, selon Pierre-Marie Essoh, environnementaliste camerounais, «dû aux fortes pluies d’août généralement suivies de grandes crues, mais aussi à la vétusté des équipements de drainage des eaux usées».

«Aujourd’hui, il y a nécessité d’installer de nouveaux équipements de drainage. En plus, tous ces canaux d'évacuation des eaux usées sont bouchés par les déchets que les habitants des différents quartiers jettent dans les rigoles», déplore-t-il au micro de Sputnik.

La faute au plan d’urbanisation?

Consubstantiel à la ville de Douala, le phénomène des inondations, à en croire les experts, est la somme de plusieurs facteurs. Au-delà du retour des pluies, il faut remettre en question, pense Didier Yimkoua, environnementaliste et militant écologiste, «le désordre urbain et de l’incivisme des populations».

«Il faut se poser la question de savoir pourquoi en 4 heures de pluie, la ville de Douala est paralysée. À mon avis, il faut faire une analyse diachronique des bassins versants. On en a huit à Douala et ils ont été tous agressés par des constructions anarchiques pour des questions d’aménagement urbain», souligne l’expert au micro de Sputnik.

Dans le pays, cette situation relance le débat sur la gestion de l'urbanisation de cette ville métropolitaine et les leaders politiques s’en mêlent. Dans un communiqué publié sur son compte officiel Facebook, Maurice Kamto, président du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et principal challenger de Paul Biya, a dénoncé l'incompétence du gouvernement en place.

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«Le MRC constate que bien que la ville de Douala soit la victime récurrente d’inondations dévastatrices, cette situation n'a pas reçu des autorités politiques et administratives supposées compétentes l'attention nécessaire pour limiter les dégâts multiformes à ce débordement climatique», dénonce-t-il.

Lui emboîtant le pas, d'autres responsables politiques et élus locaux sont rentrés dans la danse. Réagissant sur ce drame via son compte Twitter, Cabral Libii, député PCRN (Parti camerounais pour la réconciliation nationale), a attiré l’attention sur «la problématique du modèle d’urbanisation de cette ville propice aux catastrophes du genre».

Il est dès lors nécessaire, pour sortir de ce cercle infernal, suggère Didier Yimkoua, de revoir les ouvrages hydrauliques dans la cité comme les caniveaux, mais surtout de mettre en place un nouveau plan d’aménagement de la localité.

«Il faut occuper les jeunes pour la  précollecte des ordures ménagères. Il faut aussi reboiser des zones comme le cinquième arrondissement de Douala où le relief est très escarpé. Il ne serait pas mauvais, également, de libérer les drains et les bas-fonds même si cela pourrait poser un problème social car il va falloir évacuer les populations», considère-t-il.

En attendant les mesures gouvernementales, de fortes pluies sont encore annoncées cette semaine, dans cette ville densément peuplée d’un peu plus de 3 millions d’habitants, par les services météorologiques.

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