Après l’explosion de Beyrouth, les 5.000 tonnes de substances explosives stockées près de Toulouse interrogent

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Quelque 5.000 tonnes de nitrocellulose ont été immergées dans quatre lacs artificiels, près de l’ancien site AZF de Toulouse, d’après une enquête du Figaro. Envisagée depuis longtemps, la dépollution du site se heurte à des questions environnementales.

D’importantes quantités d’une substance explosive reposent au fond de quatre lacs artificiels de la région toulousaine, rapporte Le Figaro. Il s’agit de nitrocellulose, une poudre dont la puissance équivaut à celle du TNT, qui était très utilisée durant la Première Guerre mondiale.

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La Poudrerie nationale, présente dans la région, en a produit plus de 320.000 tonnes entre 1914 et 1918 mais les stocks n’ont pas tous été écoulés avant la fin du conflit. Plusieurs étendues d’eau ont alors été créées spécialement pour y immerger le surplus.

«La nitrocellulose était utilisée pour propulser l'obus pendant la guerre. Il en restait énormément à la fin du conflit mondial, alors elle a été stockée dans des boîtes et mise au fond de l'eau afin de la rendre inerte. Des étangs artificiels ont ainsi été créés», explique au Figaro André Savall, professeur de chimie à l’université Toulouse-III.

Une difficile dépollution

La présence de ce stock de nitrocellulose en bordure de l’agglomération toulousaine ne cesse de susciter les inquiétudes. D’autant que les quatre lacs artificiels se trouvent à quelques encablures du site de l’ancienne usine AZF, dont l’explosion avait causé la mort de 31 personnes en 2001.

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La question de la dépollution du secteur se pose depuis longtemps et a pris une nouvelle acuité avec la récente explosion dans le port de Beyrouth. Le 5 septembre, la députée de la majorité Sandrine Mörch avait confié sur Twitter s’être entretenue avec la ministre des Armées à ce sujet.

Cette dépollution se heurte néanmoins à des enjeux environnementaux puisque la zone s’avère être classée Natura 2000. Le site est en effet dévolu à la reproduction d'espèces menacées, ce qui rend impossible toute opération de neutralisation de la nitrocellulose. Le ministère des Armées a pour l’heure pris langue avec celui de la Transition écologique pour décider de l’avenir de la zone, confie une source ministérielle au Figaro.

Les riverains inquiets

Avec l’expansion de l’agglomération toulousaine, de nombreux bâtiments sont sortis de terre dans le voisinage des quatre lacs artificiels. Plusieurs zones industrielles et résidentielles se trouvent désormais à proximité des stocks immergés de nitrocellulose.

Même si le ministère assure qu’aucun risque d’explosion ne pèse sur l’aire tant que la substance reste immergée, les riverains et élus locaux se disent inquiets pour l’avenir de leur quartier.

«Les gens vivent avec mais encore une fois quel est le risque? Surtout que l'environnement a bien évolué depuis AZF, tout le quartier a changé. Désormais, il y a un centre de recherche Pierre Fabre, l'Oncopole, des entreprises [...] Tout le quartier évolue et on ne tient pas compte de cette vérue», explique ainsi au Figaro Alain, président de l'Association des habitants de Lafourguette.
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