Au Togo, le gouvernement annonce une opération nationale d’exhumation de corps!

© Photo pixabay/Amort1939/21 Bilder.comUn crâne
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Au Togo, les inhumations à domicile ne peuvent se faire que sur autorisation spéciale délivrée par l’administration. Malgré cela, la pratique est courante dans de nombreux villages même sans ce document. Le gouvernement a donc décidé de sévir et a annoncé que tous les corps enterrés sans cette formalité seraient systématiquement exhumés.

Au Togo, le gouvernement vient d’annoncer publiquement qu’il allait procéder à l’exhumation systématique des corps des défunts qui avaient été enterrés à domicile sans aucune autorisation préalable dans l’ensemble du pays.

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Cette décision fait suite au constat selon lequel «des enterrements se font à domicile sans aucune précaution prévue à cet effet», précise un communiqué du gouvernement en date du 10 septembre dernier, signé par Payadowa Boukpéssi, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales.

«Tous les corps objets d’enterrement à domicile et sans aucune autorisation seront systématiquement exhumés, et des poursuites envisagées contre les responsables de ces manquements», a-t-il écrit

Payadowa Boukpessi affirme qu’«inhumer des défunts dans des maisons est une violation flagrante des textes en vigueur au Togo» et veut sévir sans complaisance. Il annonce «une inspection très prochaine» dans les habitations sur le territoire pour «faire respecter les dispositions prévues par les textes en vigueur» et appelle les préfets –qui sont les représentants de l’administration auprès des communautés– à exécution.

Pourquoi des Togolais enterrent-ils leurs défunts à domicile?

L’inhumation à domicile est une pratique courante dans les communautés en dehors de Lomé, particulièrement à l’intérieur du pays. Les raisons évoquées pour justifier cette pratique sont diverses.

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Selon Me Claude Amega, avocat et défenseur des droits de l’Homme joint par Sputnik, la méconnaissance de ce texte pourrait en être une des premières causes.

«La loi à laquelle fait référence le ministre date d’avant les indépendances. Elle n’a pas été reprise dans l’actuel Code pénal, mais n’a pas été abrogée non plus. Elle est seulement tombée en désuétude. Ce qui peut donner lieu à croire, pour beaucoup, que rien ne l’interdit» a expliqué Me Amega Claude

Le texte en question est un arrêté datant de janvier 1933, qui interdit de faire de sa maison un cimetière.

Selon d’autres sources consultées par Sputnik, la pratique est aussi exécutée par certains pour «se prémunir contre la profanation des tombes» –devenue monnaie courante dans certaines localités– par des personnes malveillantes, adeptes de magie noire. Au Togo, comme dans d’autres pays du continent où la croyance vaudoue est très répandue, les voleurs d’ossements humains et de crânes dans les cimetières commettent leur forfait au profit de commanditaires mus par des considérations occultes, qui ont besoin d’accomplir des sacrifices qui les aideraient (par exemple) à devenir riches.

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En outre, selon un chef traditionnel contacté par Sputnik mais qui a préféré garder l’anonymat, «il y a des coutumes qui exigent que les rois, les grands prêtres spirituels et même certains chefs de famille ne soient pas inhumés dans les cimetières publics».

«Mais du temps de nos aïeux, on enterrait à la maison pour garder surtout les traces de la paternité des terres si des litiges survenaient plus tard», a détaillé ce chef.

L’article 11 de l’arrêté n°47 du 24 janvier 1933 portant réglementation des sépultures au Togo signifie qu’en dehors de chaque centre urbain et à une distance de 50 m a minima de l‘enceinte, un terrain, autant que possible élevé, doit être choisi et réservé pour les inhumations. Aucune peine n’est indiquée dans cet arrêté. 

L’article 19 et suivants punit cet acte par renvoi à l’article 356 du Code pénal qui stipule que «toute personne qui porte atteinte au respect dû aux morts est punie d’une peine d’emprisonnement d'un (01) an à cinq (05) an(s) et d’une amende d'un million (1.000.000) à cinq millions (5.000.000) de francs CFA ou de l'une de ces deux peines».

Et l’article 17 des mêmes textes donne ce droit au gouvernement d’exhumer si l’inhumation n’a pas été autorisée.

L’autorisation d’inhumer à domicile n’est donnée, quant à elle, qu’après un rapport des services d’hygiène de la préfecture qui apprécient le risque ou non pour la santé de la population concernée par ledit enterrement.

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