Une lettre de Le Drian interrompt le rachat de Tiffany par LVMH

© Sputnik . Maxim Blinov  / Accéder à la base multimédiaJean-Yves Le Drian
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Jean-Yves Le Drian se retrouve dans la tourmente après sa lettre envoyée à LVMH lui demandant de reporter le rachat du joaillier américain Tiffany, relate Mediapart. Tandis que les deux groupes se sont lancés dans une bataille judiciaire qui pourrait porter préjudice au géant français du luxe, le Quai d’Orsay peine à s’expliquer.

Le 9 septembre, le géant français du luxe LVMH dirigé par Bernard Arnault annonçait la suspension du processus d’acquisition pour 16 milliards de dollars (14 milliards d’euros) du joaillier américain Tiffany. Comme l’évoquent Mediapart et Libération, une lettre du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian aurait permis au milliardaire français de mettre fin à une transaction dont il ne voulait plus.

En effet, si la vente a été annoncée et l’accord signé en novembre 2019, censée se conclure le 24 novembre de cette année, la conjoncture économique liée à la crise sanitaire a depuis été mauvaise autant pour LVMH que pour Tiffany.

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Toutefois, selon le contrat, la vente ne peut être annulée que si une entité gouvernementale «promulgue un texte […] ou émet une injonction» qui «restreint, entrave ou rend illégale». La lettre de Le Drian est donc arrivée à point nommé pour Bernard Arnault.

La suspension de l’opération a déclenché une bataille judiciaire, les deux groupes ayant porté plainte l’un contre l’autre. Tiffany a lancé une action en justice dans la foulée de l’annonce de LVMH, lequel met en cause la «mauvaise gestion de la crise» et les pertes financières de la partie adverse. La cour du Delaware a fixé la date du procès au 5 janvier 2021.

Réponse de Le Drian

Jean-Yves Le Drian avait-il le droit d’intervenir dans cette affaire qui relèverait davantage du ministère des Finances? Niant avoir été informé de cette initiative, Bercy assure que le ministre des Affaires étrangères «est aussi responsable du commerce extérieur». Bruno Le Maire, qui suit le dossier depuis le départ, a refusé de signer une telle lettre, indique Mediapart.

Après deux semaines de silence, M.Le Drian s’est expliqué devant l’Assemblée nationale.

«Mon rôle est d’appliquer le cas échéant l’avis du gouvernement sur une appréciation de nature politique sur la gestion des grandes échéances internationales à venir. C’est la raison pour laquelle j’ai répondu à une interrogation du groupe LVMH totalement dans mon rôle».

La partie américaine accuse désormais LVMH d’avoir cherché l’appui du gouvernement français pour rompre un contrat qui ne l’arrangeait plus. Le Quai d’Orsay ne s’est pas exprimé sur la question et le ministère de l’Économie dément toute sollicitation de Bernard Arnault. Quant à ce dernier, il a simplement évoqué des «rumeurs infondées et malveillantes».

Tout repose désormais sur cette lettre qui, au moins lors du procès, devra être révélée, et nécessitera une justification recevable de la part de LVMH et du gouvernement, pour un enjeu de 16 milliards de dollars.

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