Amnesty s’insurge contre la déclaration «choquante» du Président tunisien sur la peine de mort

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«Nous demandons au Président tunisien de revenir sans attendre sur cette annonce inquiétante», lance dans un communiqué la directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient d’Amnesty International en réaction aux déclarations de Kaïs Saied sur l’application de la peine de mort.

Amnesty International Tunisie réagit dans un communiqué publié sur sa page Facebook aux déclarations du Président Kaïs Saied sur le rétablissement de l’application de la peine de mort suspendue depuis 1991 dans le pays.

«La Tunisie n’a procédé à aucune exécution depuis 1991. L’annonce du Président en faveur de la peine de mort est choquante et va à l’encontre de la pratique établie depuis des décennies consistant à ne pas procéder à des exécutions», affirme la directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, Amna Guellali.

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«Kaïs Saied est le premier président à faire part de son intention d’appliquer les sentences capitales en Tunisie», ajoute-t-elle.

«La reprise des exécutions, un coup dur pour les droits humains»

Pour Mme Guellali, il est important de sauvegarder les acquis de la société tunisienne quant aux droits de l’Homme, notamment après la révolution de 2011 qui a mis fin à la dictature de Ben Ali.

«Nous demandons au Président tunisien de revenir sans attendre sur cette annonce inquiétante qui ferait reculer et non progresser le bilan de la Tunisie en matière de droits fondamentaux», lance-t-elle, invitant également le gouvernement de Hichem Mechichi «à instaurer immédiatement un moratoire sur les exécutions, en vue d’abolir la peine de mort».

«La reprise des exécutions serait un coup dur pour toutes les avancées en matière de droits humains que le pays a connues jusqu’à présent», soutient-elle.

La peine de mort a-t-elle un effet dissuasif sur la criminalité?

Affirmant que «sans nul doute», le meurtre d’une personne est un crime atroce pour lequel les auteurs devraient impérativement être traduits en justice, Amna Guellali souligne néanmoins que «quel que soit le degré d’horreur des crimes commis, il ne saurait servir d’excuse pour éliminer un autre être humain».

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Et d’ajouter qu’«aucune preuve crédible ne permet d’attester que la peine de mort a un effet plus dissuasif sur la criminalité qu’une peine de prison prononcée à l’issue d’un procès équitable».

Enfin, la responsable rappelle à l’adresse des hautes autorités du pays que la Tunisie a voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale de l’Onu, appelant à un moratoire sur l’application de la peine de mort.

«Celui qui a commis un meurtre doit être condamné à mort»

Suite au viol et à l’assassinat de Rahma, 27 ans, dans la région d’Ain Zaghouan (nord-est du pays), le chef de l’État a déclaré lundi 28 septembre à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité nationale que «celui qui a commis un meurtre doit être condamné à mort et un texte de loi existe à ce propos».

«S’il y a une grâce, elle sera octroyée à ceux qui la méritent et non à celui qui a tué deux fois, ce qui est le cas pour le meurtrier de la jeune fille [qui a déjà bénéficié d’une grâce présidentielle, ndlr]», a-t-il ajouté, précisant que le droit de l’accusé à un procès juste et équitable devait être garanti.
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