L’Algérie ouvre son marché du blé à la concurrence russe, quels risques pour les producteurs français?

CC BY-SA 2.0 / Yair Aronshtam / Wheat fieldUn champ de blé (image d'illustration)
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Les nouvelles conditions fixées par l’Office algérien interprofessionnel des céréales pour l’importation de blé permettent aux producteurs russes de la mer Noire de prétendre à des parts du marché algérien, ont indiqué des traders à Reuters. La France et d’autres pays de l’UE seront confrontés à une rude concurrence la saison prochaine.

Depuis l’envoi en 2019 d’un échantillon de 21 tonnes de blé à moudre en Algérie pour analyse, la Russie suscite la peur des producteurs européens, notamment français, qui y voient un risque de perdre leur place de premier fournisseur du marché algérien. Désormais, cette hypothèse commence à devenir réalité. En effet, une décision des autorités algériennes modifiant les conditions des appels d’offres internationaux pour l’importation de blé ouvre la voie à l’arrivée du blé russe produit dans les régions près de la mer Noire, rapporte Reuters citant des traders.

Selon l’agence, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a défini de nouvelles conditions d'appel d'offres, «abaissant le niveau du taux de grains endommagés par les insectes pour le blé à moudre à haute teneur en protéines». Ainsi, «ceci lève les obstacles à l’arrivée d’un blé moins cher des régions de la mer Noire, comme le blé russe», précisent les traders.

«Le blé français ne pourra pas s’en tirer avec un prix élevé»

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Actuellement, la France continue d’occuper la place de premier fournisseur de l’Algérie avec près de cinq millions de tonnes de blé par saison, soit 40% de ses exportations hors Union européenne, rappelle Reuters. Malgré cette place de prestige, les producteurs français et européens en général voient dans l’arrivée du blé russe une véritable menace, et ce malgré la faible marge de manœuvre dont disposent actuellement les fournisseurs russes en raison des prix élevés de leurs productions.

«Pas grand-chose ne devrait changer cette saison», explique à Reuters Nathan Cordier, expert du cabinet de consulting spécialisé Agritel. «Mais le fait est qu’à l’avenir, le blé français ne pourra pas s’en tirer avec un prix élevé en raison de la concurrence du blé originaire de la région la mer Noire», souligne-t-il.

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Pour l’instant, la France devrait maintenir ses 60% de parts de marché durant les périodes de bonne récolte, et ce malgré l’arrivée du blé en provenance de la mer Noire, selon le groupe d’exportateurs Synacomex. Cependant, cette quantité sera «loin des 90% de parts de marché que la France a pu atteindre certaines années en Algérie», soit une chute en volume d’un à deux millions de tonnes, d’après Reuters.

«Nous allons devoir arrêter de penser que le marché algérien est le nôtre et trouver d’autres alternatives», prévient un trader.

En août, l’Algérie a acquis 50.000 tonnes de blé, a informé HellenicShippingNews citant des traders européens. Le site spécialisé affirmait qu’aucune «origine du blé n’a été précisée» dans l’appel d’offres lancé par l’OAIC, ouvrant ainsi la porte à la concurrence internationale.

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