Chute drastique des recettes pétrolières au Cameroun, pourquoi?

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Selon le gouvernement camerounais, les recettes pétrolières du pays ont baissé de 28,7% au cours du premier semestre 2020. Chiffrées à 197,1 milliards de francs CFA (355 millions de dollars), elles sont en recul de 79,4 milliards par rapport à fin juin 2019. Parmi les raisons de ce repli, la chute des cours mondiaux du brut, mais pas seulement.

D’après des données contenues dans un rapport du ministre des Finances (Minfi) et relayé par le site d’information Investir au Cameroun ce 9 octobre, les recettes pétrolières du Cameroun se montent à 197,1 milliards de francs CFA (355 millions de dollars) à fin juin 2020.

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Un chiffre en baisse de 79,4 milliards (environ 142 millions de dollars), soit moins de 28,7% par rapport à fin juin 2019. Une contreperformance, explique le Minfi, causée essentiellement par le repli de 39,6% en rythme annuel des cours mondiaux du brut.

«Le faible niveau des cours mondiaux du pétrole, qui se relève difficilement après la chute enregistrée en mars 2020 et dont le prix moyen du baril est estimé à 39,9 dollars, en deçà des 54,4 dollars retenus dans la loi de Finances, affecte négativement les recettes pétrolières», développe le Minfi.

Au cours de la période sous revue, les recettes de l’or noir du Cameroun comprennent 152,8 milliards de francs CFA (environ 273 millions de dollars) de redevance pétrolière SNH (Société nationale des hydrocarbures) et 44,3 milliards de francs CFA (79 millions de dollars) d’impôt sur les sociétés pétrolières.

Un contexte de crise mondiale

Dans une note d’information transmise au gouvernement en juin dernier, la SNH alertait déjà ce dernier qu’elle ne pourrait garantir que 30% des recettes, estimées à 443 milliards de francs CFA (environ 797 millions de dollars), prévues dans la loi de Finances 2020. L’entreprise publique évoquait un recul des revenus pétroliers du pays de l’ordre de 70% consécutif à la chute du prix du baril aggravée par la pandémie de coronavirus. Des prévisions alarmistes et justifiées, souligne Dieudonné Essomba, économiste camerounais.

«Même avant l'arrivée du Covid-19, les prix de l’or noir s'étaient effondrés. Cela s'est traduit par une baisse drastique des recettes pétrolières au Cameroun. Ensuite, avec la pandémie, la situation a empiré. Il faut tenir compte du fait que le budget du Cameroun avait tablé sur un prix du baril d'environ 60 dollars. Or, maintenant, le prix du baril est autour de 30 dollars […]. C'est vraiment très pénalisant pour le pays», explique l’analyste au micro de Sputnik.

Alors que les revenus de l’or noir contribuent pour près de 25% au budget du pays, cette contreperformance pénalise les finances publiques, poursuit Dieudonné Essomba, «extrêmement dépendantes des recettes extérieures. Le Cameroun ne dispose pas de technologies ou d’une économie fortement diversifiée. Nous comptons sur les recettes extérieures ou les devises que génèrent les exportations du pétrole par exemple. Si les devises baissent, automatiquement, nos capacités d'importation chutent également [...] C'est dramatique lorsque l'on sait ce que le pétrole représente dans les recettes du pays».

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Au-delà du Cameroun, la chute du prix de l’or noir doublée à la crise sanitaire mondiale a fortement détérioré les finances publiques des pays de la Communauté économiques des États de l’Afrique centrale (Cemac). Dans les faits, souligne la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) dans une note publiée en début d’année, les pays de la Cemac ont perdu 500 milliards de francs CFA (environ 899 millions de dollars) de recettes pétrolières au premier trimestre 2020.

Avec un prix du baril à environ 26 dollars à la mi-mars contre 60 dollars en fin 2019, les recettes des pays de la sous-région producteurs de brut ont connu une baisse drastique. La Guinée équatoriale, le Congo, le Gabon et le Tchad –pour qui cette matière première contribue à plus de 80% du budget– sont les plus sévèrement touchés.

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