Légalisation des compétitions de MMA: le monde des sports de combat à l’épreuve de l’octogone

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C’est fait. Les premiers combats de MMA ont enfin eu lieu en France début octobre, après l’autorisation accordée par la ministre des Sports. Une décision qui fait le bonheur des pratiquants. Sputnik a rencontré Alexandre Amicangelo, instructeur d’arts martiaux mixtes. Pour lui, l’arrivée de la discipline fera «pas mal de jaloux».

Passion octogone. Pour le plus grand bonheur des amateurs de MMA (Mixed martial arts, arts martiaux mixtes), les premiers combats se sont déroulés en France début octobre.

Après de très longues années d’attente, Roxana Maracineanu, ministre des Sports, a accordé en février dernier l’autorisation à la Fédération française de boxe (FFB) de superviser cette discipline. Avec la Norvège et la Thaïlande, la France était l’un des seuls pays à encore interdire ces compétitions.

Cette avancée est donc logiquement saluée par les pratiquants, comme Alexandre Amicangelo, instructeur de la section MMA et Muay Thaï à la Gracie Barra Paris.

Selon lui, cette autorisation permettra de changer «beaucoup de choses en faveur de ce sport», notamment en matière «d’organisation de compétitions» et «d’encadrement des niveaux». Cette légalisation pourrait-elle chambouler le monde des sports de combat en France?

«Je pense qu’il y aura pas mal de jaloux», lance, un brin taquin, Alexandre Amicangelo.

Étant donné que le MMA réunit plusieurs arts martiaux et sports de combat, comme le muay thaï, le jiu-jitsu brésilien, le karaté, la lutte ou les boxes anglaise et française, il pourrait donc séduire les combattants d’autres disciplines. À l’image de Laëtitia Blot, ex-championne de judo, qui a remporté jeudi 8 octobre son premier combat de MMA.

​L’instructeur souligne la nécessité d’être un combattant complet:

«En MMA, il faut vraiment disposer d’une technicité, que ce soit debout ou au sol, c’est quelque chose de très complet. Il faut vraiment savoir toucher à tout», prévient-il.

Cette exigence d’un «apprentissage de chaque discipline» pourrait dès lors avoir un effet vertueux: il n’est pas impossible que l’activité profite à toutes les fédérations.

Sulfureux, le MMA? «Tout est légiféré et encadré»

Bien sûr, les combats dans l’octogone ne sont pas destinés aux âmes sensibles. Frappes avec les coudes, les genoux, les pieds et les poings, même quand l’adversaire est au sol: «tout le monde a l’impression que tous les coups sont permis, ce qui diabolise notre discipline», constate Alexandre Amicangelo, qui tient à rassurer: «tout est légiféré et encadré. Il n’y a pas besoin de s’inquiéter.» D’ailleurs, malgré des éclaboussures de sang, les risques semblent réduits pour notre interlocuteur, qui souligne certaines réalités biomécaniques:

«La force vient des pieds quand on boxe. Quand vous êtes à genoux pour frapper quelqu’un, quand vous êtes penché sur lui, vous n’avez pas toute la pliométrie nécessaire pour développer assez de force, c’est sûr que ça blesse, mais ce n’est pas aussi dangereux que ça y paraît», nuance-t-il.

Des considérations techniques qui n’avaient pas convaincu les autorités publiques jusqu’en février dernier. Ainsi, avant cette légalisation du MMA, si la loi française n’interdisait pas les entraînements, les compétitions étaient proscrites. Un choix basé sur une recommandation du Conseil de l’Europe datant de 1999 qui conseillait «d’interdire et d’empêcher les combats libres tels que la lutte en cage», arguant qu’une telle pratique était en inadéquation avec le respect des droits de l’homme.

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Signe de l’évolution de la discipline, de nouveaux travaux sont en cours depuis 2014 afin de proposer de nouvelles recommandations. Sur RMC, David Douillet, ancien champion de Judo et ex-ministre des Sports, a argué du fait que «dans les années 80, il n’y avait pas [de règles, ndlr] dans le MMA. Idem pour les catégories de poids. On pouvait quasiment tout faire. C’était très dangereux. Cela reste très dangereux. En 2019 il y a eu quatre morts

En réalité, deux décès ont été enregistrés cette année-là: celui de l’Ouzbek Bekzod Nurmatov, à la suite d’un combat en Tchétchénie, et celui d’un jeune amateur brésilien de 22 ans, Mateus Fernandes. Et après tout, le danger est également présent dans la pratique de la boxe anglaise, du rugby ou du football américain: quatre boxeurs sont ainsi décédés en 2019, alors qu’aucune victime n’est à déplorer dans la ligue la plus prestigieuse de MMA, l’Ultimate Fighting Championship (UFC).

Un sport en vogue

Malgré les dangers inhérents à tout sport de combat, le MMA continue de faire des émules en France, bien aidé par la médiatisation de l’UFC. La notoriété de sportifs comme Khabib Nurmagomedov, Conor McGregor, Anderson Silva ou encore Georges St-Pierre, en témoigne. Dans l’Hexagone, ce sont près de 240 clubs qui voient défiler entre 30.000 à 50.000 pratiquants, selon la Commission nationale de MMA. Un phénomène qui n’est pas près de s’arrêter, comme le confirme Alexandre Amicangelo.

«C’est très à la mode […] il y a un vrai engouement autour de cela. Avant, on avait les stars de la boxe, maintenant on a les stars du MMA, c’est très différent», se réjouit l’instructeur.

Cette forte médiatisation de l’UFC change également le profil de la clientèle qui s’inscrit dans les académies: «elle évolue et est très hétérogène avec des gens qui viennent de tous les milieux professionnels, de tous les âges», observe Alexandre Amicangelo. Il note également que le MMA est très en vogue chez les jeunes. C’est pourquoi il estime primordial de ne pas diaboliser la pratique.

«Ces sports apportent énormément de discipline, ce ne sont pas des sports faciles. Il faut être assidu, à l’écoute, laisser de côté son ego, il faut être humble et faire preuve d’humilité. Ce sont des qualités qu’il est nécessaire d’avoir», conclut Alexandre Amicangelo.

Une réalité rapidement comprise par quiconque ressort de la Gracie Barra: pour donner des coups, il faut en recevoir.

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