Pourquoi le Mozambique demande-t-il une intervention européenne par biais du PDG de Total?

© Sputnik . Alexeï Philippov / Accéder à la base multimédiale siège social de Total à La Défense
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Le PDG de Total, multinationale pétrolière, plaide pour une intervention militaire européenne contre Daech* au Mozambique. Loïk Le Floch-Prigent, ancien patron de Rhône-Poulenc d’Elf Aquitaine, de Gaz de France et de la SNCF, explique au Désordre mondial comment les entreprises gèrent habituellement leur sécurité dans les zones instables.

L’annonce est révélatrice, elle a pourtant fait peu de bruit: Patrick Pouyanne, PDG de Total, la multinationale pétrolière française, a publiquement demandé aux États européens de combattre Daech* au Mozambique, où ses opérations gazières sont menacées.

On comprend mieux la position de Pouyanne quand on sait que la participation de Total dans ce projet énergétique représente le plus important investissement privé sur continent africain, avec 3,9 milliards de dollars.

Mais son plaidoyer soulève des questions sensibles: comment Total combattait-il l’insurrection soutenue par Daech* et les menaces contre ses actifs au Mozambique jusqu’à présent? Comment cette entreprise privée gère-t-elle habituellement les insurrections dans des zones de conflit où elle est présente?

Loïk Le Floch-Prigent, ancien président de Rhône-Poulenc, d’Elf Aquitaine, de Gaz de France et de la SNCF, réagit à la demande de Pouyanne:

«On a beaucoup accusé la société Elf, dont j’étais le président, de faire la pluie et le beau temps en Afrique. Qu’est-ce qu’on lui demandait? On lui demandait de faire en sorte qu’ils aient une stabilité.
La stabilité, c’est que les règles concernant le pétrole et les autres sujets ne changent pas sans arrêt avec des putschs tous les six mois. C’est ça le sujet que l’on a traité. C’est ça que l’on m’a demandé, mais pas seulement le gouvernement français, le gouvernement américain aussi.»

Est-ce que l’Europe serait en mesure de répondre et se mobiliser? Loïk Le Floch-Prigent est sceptique:

«L’Europe est incapable d’apporter une réponse aujourd’hui. Elle n’est pas unie sur ce sujet. L’Europe affecte de considérer qu’elle aide les pays africains à se développer, alors il faut la mettre devant ses contradictions. Le Mozambique et Total mettent l’Europe devant ses contradictions: "Vous voulez aider? Vous n’êtes pas capables de lutter contre le péril le plus important.”»

Mais quelles sont les ressources actuellement présentes sur le terrain au Mozambique dans cette lutte contre Daech* et la protection des actifs de Total sur le terrain? L’ancien patron d’Elf explique:

«Il y a des mercenaires privés avec des armes, mais aussi beaucoup de mercenaires numériques et des gens qui ne sont pas des ressortissants du pays, dans tous les pays africains aujourd’hui. Ils travaillent avec des armées légitimes. Et là, c’est légitime.»
*Organisation terroriste interdite en Russie
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