Couvre-feu: dans la journée, «il n’y a pas de virus et le soir il est là?», dénonce un VTC

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Après un durcissement des mesures anti-coronavirus avec la mise en place d’un couvre-feu dans certaines métropoles, dont Paris, le secteur des véhicules de tourisme avec chauffeur tourne au ralenti. Déjà durement frappés par la crise sanitaire, les VTC craignent désormais des faillites en cascade.
«Laissez-nous bosser, c’était à l’État de bien gérer!»

Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat de chauffeurs privés VTC, ne peut contenir son agacement au micro de Sputnik. Le syndicaliste ne comprend pas la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement: «dans la journée on dit aux gens d’aller travailler, il n’y a pas de virus et le soir il est là? Est-ce que ces mesures sanitaires vont vraiment stopper le virus?», se demande le syndicaliste.

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Une colère qui fait suite à l’instauration, samedi dernier, d’un couvre-feu de 21 h à 6 h dans les grandes métropoles les plus touchées par l’épidémie de coronavirus, dont Paris. Une mesure visant à endiguer la propagation du virus, selon le gouvernement, mais qui accentue les difficultés d’un secteur déjà en crise. Sayah Baaroun estime que «l’activité est fichue depuis le déconfinement.»

«Au mois de juin, on espérait une reprise qui n’a jamais eu lieu, on tournait entre 40 à 50% du marché. Les mois de juillet et août ont brisé tous nos espoirs, on est descendu à environ 20% du business. Et en septembre, il n’y a pas eu de reprise», regrette-t-il.

Une perte d’activité ressentie également par les chauffeurs privés travaillant notamment pour une clientèle étrangère fortunée: «là, c’est de l’ordre de 100% de baisse de chiffre d’affaires depuis le début de la crise», déplore Redouane Atif, vice-président de l’association des VTC de France, interrogé par Sputnik.

Le secteur du VTC «à genoux»

Il confirme que «les chauffeurs qui travaillent avec les plateformes ont perdu 50% de leur activité et désormais avec le couvre-feu, c’est passé à 75% voire 80% de perte.»

Une situation qui ne risque pourtant pas de s’améliorer. Antoine Lieutaud, directeur général de FreeNow France (ex-Kapten) redoute une «baisse de l’activité encore plus forte», car «en plus de cette baisse de nuit, l’impact de ce couvre-feu sur le télétravail (qui va être en augmentation) va également fortement réduire les courses de jour» a-t-il déploré auprès de l’AFP. Du côté des taxis, l’heure n’est pas non plus à la fête. La plateforme de taxis G7 a indiqué à l’AFP «un recul de la demande de 75% samedi soir», le 17 octobre et que «la baisse d’activité s’est stabilisée à 30% en moyenne de 21 h. à 6 h. les deux nuits suivantes.»

Le pire est pourtant sans doute encore à venir pour les acteurs du secteur, puisque ce mercredi 21 octobre, le Conseil des ministres a pris la décision de prolonger l’état d’urgence sanitaire en France jusqu’au 16 février 2021. La mesure prévoit notamment l’introduction du couvre-feu pour de nouveaux départements, a annoncé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement. Des rumeurs persistantes font aussi état de l’avancement du début du couvre-feu de 21 h à 19 h.

Face à ces déclarations de l’exécutif, les chauffeurs sont-ils inquiets? Pour Sayah Baaroun, le «secteur du VTC était déjà à genoux donc pour nous c’est pareil, c’est la faillite.» D’autant plus qu’il rappelle que structurellement, il y avait déjà des problèmes.

«Quand la situation était optimale, il y avait déjà trop de monde, cela entraînait des “bagarres”: il y avait régulièrement des manifestations des deux côtés pour dire qu’on ne s’en sort pas, donc imaginez maintenant…»

Dorénavant, les syndicalistes s’en remettent à l’État par le biais de mécanismes comme le plan tourisme. En outre, les plateformes ont également mis en place des aides.

«Le gouvernement nous a plantés»

Néanmoins, ces subsides sont loin de couvrir l’intégralité des frais des chauffeurs, qui ne sont pas tous logés à la même enseigne.

«Les aides ne couvrent pas tout, mais c’est suffisant pour au moins permettre de payer le loyer des personnes qui sont propriétaires de leur véhicule. En revanche, pour celles qui ont des LOA [location avec option d’achat, ndlr] ou des crédits, c’est très compliqué», explique Redouane Atif.

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Pour tenter de survivre, ils se tournent désormais vers d’autres activités telles que le transport de colis, la livraison ou… la plomberie. «Le business est au point mort. Lorsque sur nos groupes de discussion on voit quelqu’un dire: “ça y est j’ai un petit CDD à 500 ou 600 euros par mois” en parallèle de son activité de chauffeur, tout le monde le félicite, car c’est un exploit de trouver quelque chose maintenant», ironise le secrétaire général du SCP VTC.

«Le gouvernement nous a plantés, je pense qu’ils ne savent pas le nombre de faillites qu’il va y avoir», conclut Sayah Baaroun.
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