Où est passé le budget de la Défense de Trump? Au cours des quatre ans de mandat du Président américain, les crédits du Pentagone ont augmenté. Mais en même temps, Trump a réduit l’empreinte militaire américaine à l’étranger, au moins officiellement. Et c’est là où réside le paradoxe.
Alors dans quel trou noir le reste de ce budget de l’armée a-t-il disparu? Jean-François Geneste, ancien vice-président et directeur scientifique d’Airbus S.A.S., souligne la question du «rapport qualité-prix» des dépenses militaires américaines:
«Prenons les missiles hypersoniques russes. Ça laisse pour les onze ou douze porte-avions américains, en cas de vraie guerre, une durée de vie de vingt minutes chacun, donc avec peu de moyens, on peut couler un trillion [mille milliards, ndlr] de dollars.»
Comment expliquer ce piètre retour sur investissement? Jean-François Geneste prend du recul pour répondre à cette question:
«Le système éducatif américain est dans un état déplorable et on peut faire le parallèle entre le système éducatif et l’armée américaine. Vous avez un budget américain l’ordre de dix fois le budget militaire russe, pour une performance qui n’est pas meilleure. De la même façon, on peut penser que le système commercial, la marchandisation des études aux États-Unis amène à un système à peu près semblable. C’est-à-dire un système qui crée beaucoup de friction, demande beaucoup de finances pour une efficacité très mauvaise.»
L’ancien directeur scientifique d’Airbus explique que le phénomène du soutien d’État croissant au complexe militaro-industriel se place dans un contexte plus vaste:
«Depuis 1971, avec les liens avec la Chine, les États-Unis ont décidé de délocaliser une grosse partie de leur industrie en Chine. Qu’est-ce qui reste de l’industrie qui garde une compétence? Eh bien, c’est le militaire. La France est à peu près dans la même situation, sauf qu’en France, les budgets n’augmentent pas, en réalité.»