Cameroun: 118 défenses saisies, les éléphants de forêt plus que jamais menacés d’extinction

© Photo Fidelis Manga - WWF / Défenses en ivoire saisies à Douala en 2018Défenses en ivoire saisies à Douala en 2018
Défenses en ivoire saisies à Douala en 2018 - Sputnik Afrique
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Au Cameroun, la douane vient de saisir 118 défenses d’éléphant à Ambam, dans le sud du pays. En provenance du Gabon voisin, l’ivoire était dissimulé dans un camion transportant également du bois. Dans la région, le braconnage mais aussi les changements climatiques menacent la survie de ces animaux.

L’information a été rendue publique par la télévision nationale le vendredi 23 octobre. La douane camerounaise a saisi 118 défenses d'éléphant, l’équivalent de 59 pachydermes tués, à Ambam, dans le sud du pays, haut lieu du trafic d'ivoire près de la frontière avec le Gabon et la Guinée équatoriale. Selon les autorités douanières, avec près de 675 kilos récupérés, «cette saisie est, en quantité, la plus importante au Cameroun depuis cinq ans».

L'ivoire en provenance du Gabon était caché dans une camionnette qui transportait également du bois. Les quatre trafiquants présumés –trois Camerounais et un Gabonais– ont été interpellés pendant qu’ils convoyaient la cargaison. Selon la douane camerounaise, ces défenses devaient ensuite faire route vers l'Asie. En effet, si le commerce illégal d'ivoire reste encore très actif, c’est parce qu’il est alimenté par une forte demande, du Moyen-Orient et d'ailleurs en Asie.

Les défenses d'éléphant y sont utilisées dans la médecine traditionnelle et en ornementation, malgré un moratoire sur son commerce international décidé en 1989. Un trafic qui menace de faire disparaître les pachydermes. L’incident n’a pas manqué de faire réagir les internautes, du Cameroun comme du Gabon.

Le Gabon, pays d'Afrique centrale, héberge près de 60% des éléphants de forêt (plus petits que les éléphants dits de savane) qui subsistent en Afrique. Ils sont toutefois menacés d’extinction du fait du braconnage. En 2017, une étude a révélé que cette espèce avait perdu en dix ans 80 % de sa population du fait de cette pratique dans le vaste parc national de Minkébé.

À cause du braconnage, le Cameroun a lui aussi vu s’éteindre en dix ans 70% de son cheptel. Dans un entretien accordé à Sputnik en septembre 2019, Clotilde Ngomba, directrice nationale du Fonds mondial pour la nature (WWF) au Cameroun, alertait sur la nécessité de préserver cette espèce en voie d’extinction dans le pays.

«Le braconnage pour l'ivoire est la principale cause de ce déclin drastique des populations d'éléphants», avait-elle souligné.

Une espèce menacée par le changement climatique

Le WWF exhorte également les dirigeants du Cameroun à renforcer de toute urgence la législation contre le braconnage en fédérant les efforts et intensifiant la surveillance et les mesures d'application de la loi dans et autour des aires protégées transfrontalières.

​Contrairement à leurs cousins des savanes, les éléphants des forêts, que l’on retrouve dans les zones tropicales d’Afrique centrale, se reproduisent à un âge avancé. Les gestations sont par ailleurs relativement espacées, ce qui est aussi un élément favorisant la diminution de leur population, d’après une enquête publiée en 2016 dans la revue spécialisée Journal of applied ecology.

Les éléphants dans une clairière dans le parc national de Nki, Est Cameroun - Sputnik Afrique
Le braconnage pourrait anéantir la population des éléphants du Cameroun
Selon une autre étude, publiée en 2013 dans le média en ligne Plos one, les populations d’éléphants de forêt d’Afrique centrale ont reculé de 62% entre 2002 et 2011. Leur déclin se poursuit depuis lors à un rythme de 9% par an. Leur nombre était estimé en 2011 à près de 100.000 individus.

Mais le braconnage n’est pas l’unique menace qui plane sur cette espèce. D’après un rapport publié le 24 septembre 2020 dans la revue britannique Science, la quantité de fruits dont se nourrissent les éléphants de forêts a chuté de 81% en l’espace de 30 ans dans le parc national de la Lopé au Gabon. Cette privation de nourriture liée au changement rapide des conditions climatiques a entraîné à partir de 2008 une perte de poids de l’ordre de 10% chez ces pachydermes. Un autre phénomène qui met à mal la survie de l’espèce dans la sous-région.

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