Un chirurgien soupçonné d'avoir utilisé une centaine de patients comme «cobayes» dans les Hautes-Alpes

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Une centaine de patients auraient servi de «cobayes» à un chirurgien de l’hôpital de Gap pour une nouvelle technique illégale qui peut entraîner des complications au niveau des nerfs et des artères voire la mort, indique RTL. Une enquête a été ouverte pour «faute grave délibérée» et «mise en danger de la vie d'autrui».

Le docteur Gilles N., un chirurgien de l’hôpital de Gap, est accusé d'avoir recouru à une technique chirurgicale non validée en France sur une centaine de patients, rapporte RTL.

Cette accusation a été formulée par son collègue le docteur Raouf Hammami, 52 ans, chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique du même hôpital, qui lui reproche d’avoir «joué à l'apprenti sorcier avec une centaine de patients souffrant de problèmes de dos».

Selon le docteur Hammami, se référant à une étude menée entre 2015 et 2017 par ce collègue chirurgien, spécialiste du rachis, 87 patients ont été victimes de sa nouvelle méthode illégale, appelée la cimentoplastie discale.

«En France, on peut injecter du ciment (en fait une sorte de résine) dans des vertèbres fragilisées pour les renforcer. Or le docteur N. lui a injecté ce ciment directement dans les disques de la colonne. Il peut y avoir des fuites de ciment et des complications au niveau des nerfs, des artères. Avec un risque vital en cas d’hémorragie», explique le docteur Hammami.

Les résultats d’une expertise

Après en avoir été informée, l'Agence régionale de santé (ARS) a demandé une expertise à deux professeurs de médecine de Nancy qui confirme que «le Docteur N. a utilisé une technique non conforme aux données de la science chirurgicale au moment des faits».

Selon eux, le Docteur N. aurait dû «demander l'avis d'un comité d'éthique ou d'un comité de protection des personnes» et expliquer aux patients «l'aspect dit "novateur" de la technique» avant de l’utiliser.

La Société française de chirurgie rachidienne tire aussi des conclusions selon lesquelles «en l'état actuel des connaissances, la technique de la cimentoplastie discale devait être considérée comme non validée en France.»

Suite à l’enquête ouverte pour «faute grave délibérée» et «mise en danger de la vie d'autrui», le procureur de Gap (Hautes-Alpes) vient de saisir l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP).

«On veut me faire taire»

«Mon client considère que la technique de la cimentoplastie discale n'était pas innovante, qu'elle a été utilisée par d'autres confrères, notamment à l'étranger, mais aussi présentée dans des congrès médicaux», explique à la radio l’avocat du docteur N.

Cependant contrairement au docteur N. qui continue d'exercer ses fonctions, c’est le docteur Hammami qui est suspendu.

«On veut me faire taire, m'éliminer, car cette affaire risque d'éclabousser beaucoup de monde. Mais j'irai jusqu'au bout», explique-t-il à la radio.
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