«On manque irrémédiablement de bras»: les hôpitaux dénoncent la pénurie des soignants

© REUTERS / GONZALO FUENTESUn soignant dans un hôpital français
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Sur fond de forte recrudescence des contaminations au Covid-19, le manque de soignants se fait sentir malgré la campagne de recrutement lancée cet été, indique Marianne. Liée à la crise hospitalière qui dure depuis des années, la pénurie se justifie aussi par les conditions de travail difficiles pendant l’épidémie et le «manque de considération».

Après la pénurie de masques, de gants et de surblouses qui a marqué la première vague épidémique, un nouveau manque se fait sentir en France, celui des soignants, rapporte Marianne.

Le secteur hospitalier est submergé par l’afflux de malades du Covid-19. «On manque irrémédiablement de bras» déplorent des médecins interrogés par l’hebdomadaire.

En été, les hôpitaux français ont lancé une vaste campagne de recrutement mais 100.000 postes sont toujours vacants dans les établissements privés et publics, selon les données de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Entre autres, il manque 34.000 infirmiers et 24.000 aides-soignants.

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La situation provient de l’absence de financements du secteur qui dure depuis plusieurs décennies: «La conséquence de trente ans de désinvestissement dans l’hôpital public», a tranché Fabien Paris, infirmier aux urgences de Saint-Nazaire et membre du collectif Inter Urgence. «30 ans qui ont ruiné les conditions de travail des soignants», a-t-il ajouté.  

Alors que la deuxième vague prend de l’ampleur, l’Assistance public - Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a ouvert près de 200 postes d’infirmières «mais tous ne sont pas pourvus», a précisé le président de la commission médicale Dominique Rossi. Et de conclure: «Il y a un vrai manque de soignants sur le marché du travail».

Perte d’intérêt pour la profession

La détérioration des conditions de travail liée à l’épuisement physique et émotionnel engendré par la crise sanitaire s’y ajoute, rapporte Marianne en citant le président de l’Association des médecins urgentistes de France: «La période actuelle est très dépressogène pour les soignants», a ainsi déclaré Patrick Pelloux.

Annoncée par Olivier Véran, la hausse des salaires de 183 euros n’est pas suffisante pour stimuler l’intérêt, selon l’urgentiste:

«Le public ne fait pas le poids face au privé. Rendez-vous compte: un médecin qui part vers le privé triple son salaire, quand un infirmier ou un aide-soignant reçoit environ 30% de plus».
Le métier devient moins attractif en raison du «manque de considération», affirme Bleuenn Laot, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) qui pointe l’abandon massif des études dans cette branche.

En effet, 25% des jeunes arrêtent leurs études entre la première et la dernière année.

Actuellement, la Fédération reçoit d’innombrables appels de ceux qui ont travaillé pendant la première vague pour mieux apprendre les conditions de travail. Ils «se demandent s’ils sont prêts à retourner au front pour la deuxième» car «beaucoup aussi ont vécu des choses atroces» au printemps, a ajouté Mme Laot.

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