Coup de pied au visage et coup de matraque à la tête: un policier condamné pour violences sur des Gilets jaunes

© Photo Pixabay / vero_vig_050Prison (image d'illustration)
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Un policier de 29 ans a été condamné le 12 novembre à huit mois de prison avec sursis pour avoir frappé deux Gilets jaunes lors de la manifestation du 23 février 2019 à Paris. Deux vidéos amateurs ont permis de l’identifier et entraîné l’ouverture d’une enquête.

Huit mois de prison avec sursis. C’est la peine dont a écopé un policier jeudi 12 novembre pour des violences sur deux Gilets jaunes lors de la manifestation du 23 février 2019 sur la place du Trocadéro. C’est grâce à des vidéos massivement diffusées sur Internet que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a ouvert une enquête.

Les faits remontent à l’acte 15 du mouvement quand des membres de la Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) 75 ont interpellé deux manifestants. L’un des fonctionnaires a donné un coup de pied au visage au premier alors qu’il était plaqué au sol par un groupe de policiers, puis a asséné plus tard un coup de matraque à la tête de l’autre manifestant.

Des violences «disproportionnées» et «illégitimes»

Après s’être reconnu dans les vidéos, le policier a rédigé un rapport administratif dans lequel il explique que «le plaignant aurait frappé un fonctionnaire, un peu plus tôt, lors d’échauffourées sur un pont au-dessus de la Seine».

La vice-présidente du tribunal a cependant souligné le caractère «disproportionné» des violences commises par le policier.

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«Il [l’interpellé] est au sol, mains derrière le dos, qu’est ce qui vous fait craindre à ce point que l’interpellation ne se passe pas bien?», s’interroge-t-elle citée par Marianne. «Pourquoi dites-vous qu’il tentait de porter des coups alors que ce n’est pas le cas ?», poursuit la juge.

Le policier s’est défendu, expliquant que c’était un «geste venu comme ça» pour «aider au mieux des collègues», relate Marianne. Or, aux yeux de la procureur, il n’y avait ni légitime défense ni respect de la doctrine policière, mais seulement des «violences illégitimes», ce qui «érode la confiance du public dans l'institution».

Elle a requis huit mois de prison avec sursis, sans interdiction d’exercice. Sa réquisition a été entièrement suivie par le tribunal.

La controversée loi «sécurité globale»

Cet incident a une nouvelle fois mis en lumière la polémique autour de la future loi «sécurité globale» avancée par le ministre de l’Intérieur et qui est en passe d’être débattue au Parlement.

L’article 24 de cette loi prévoit de punir la diffusion des images permettant d'identifier tout policier ou gendarme dans le cadre d’une opération lorsqu’elle vise à «porter atteinte à son intégrité physique ou psychique». Selon Marianne, la formule est suffisamment floue pour que des sociétés de journalistes s’alertent sur la menace à la «liberté d’informer».

«Depuis trois ans, la France s’est réveillée sur les violences policières. Ce troisième œil qu’est le téléphone portable a permis de les rendre visibles. Cette instruction n’aurait pas été possible si cette loi “sécurité globale” était déjà en vigueur», déplore Me Lucie Simon, avocate de la défense.
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