Déconfinement partiel: «Inconsciemment, le gouvernement entretient la psychose»

© AP Photo / Ludovic MarinJean Castex
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Tour à tour, Jean Castex et ses ministres ont détaillé devant les caméras, ce jeudi 26 novembre, les nouvelles modalités de la phase 1 d’un déconfinement «progressif» annoncé l’avant-veille par le Président de la République. Un florilège de décisions «incompréhensibles et arbitraires», estime Jean-Loup Bonnamy, philosophe, au micro de Sputnik.

«Il est prématuré de parler de déconfinement». «Une stratégie qui repose sur des principes simples»: des phrases qui sont devenues des marottes de Premier ministre, qu’il s’agisse de Jean Castex ou avant lui d’Édouard Philippe.

Une fois encore, le mot d’ordre est la prudence: même si «les premiers résultats sont là» et que «les efforts des Français paient», l’heure n’est pas au relâchement. Un entre-deux qui ne satisfait guère Jean-Loup Bonnamy, agrégé de philosophie et coauteur de l’essai Quand la psychose fait dérailler le monde (Éd. Gallimard), manifeste contre la mise à l’arrêt irrationnelle du monde entier:

«Ces actions sont d’une part insuffisantes, mais aussi inutiles pour certaines. La France n’a toujours pas de vraie stratégie sanitaire pour gérer le déconfinement. Il faudrait mettre en place des campagnes de dépistage de masse, ciblées en priorité pour les personnes à risque et les identifier puis les tester et les prendre en charge le plus tôt possible», assène-t-il d’emblée au micro de Sputnik.

Une identification qui serait rendue possible par «le Big Data de la sécurité sociale», selon lui. Mais une stratégie qui n’est toujours pas mise en place, faisant alors peser le risque d’un troisième confinement.

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Alternant ses prises de parole avec celles du ministre de la Santé, du ministre délégué aux PME, de la ministre de la Culture ou encore de la ministre du Travail, Jean Castex a affirmé «que le temps est venu d’alléger les contraintes, mais qu’en cas de relâchement, la situation pourrait s’aggraver». «Chacun doit continuer à respecter les règles», a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre a affirmé une nouvelle fois que les bars et restaurants, «lieux de contamination élevés», resteront fermés jusqu’au 20 janvier. Ils seront accompagnés financièrement, avec une attention individualisée, territoire par territoire, promet-il, annonçant que 2021 sera l’année de la gastronomie française. Comme en guise de réparation pour les établissements qui auront survécu jusque-là.

Des mesures en «rupture avec la réalité»

Un nouveau refus de rouvrir les restaurants «incompréhensible» et «disproportionné», selon Jean-Loup Bonnamy. Et si la réouverture des commerces le réjouit, la jauge portée à 8 m² par client lui «paraît quand même un peu délirante», d’autant plus qu’un couple ne compterait que pour une seule personne. Tout comme l’évolution de la limite «un kilomètre et une heure» à celle des «20 km et trois heures», la limite de 30 personnes dans les lieux de culte et la fermeture des universités jusqu’en février. Que dire alors des stations de ski qui seront accessibles, mais dont les remontées mécaniques et les équipements collectifs seront fermés? Des critères bureaucratiques qui manqueraient de «pertinence».

«Je ne suis pas du tout dans une vision complotiste, mais, inconsciemment, le gouvernement entretient cette psychose qui répond à une demande des citoyens que la peur commande. Ce qui caractérise la psychose, c’est la rupture avec la réalité, or avec ces mesures, je vois plusieurs ruptures», juge Jean-Loup Bonnamy.

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Heureusement, certaines décisions semblent tout de même plus rationnelles à Jean-Loup Bonnamy. Notamment, le choix de maintenir les tests aux frontières et l’interdiction des grands rassemblements, qui représenteraient le risque de contamination le plus élevé. Le gouvernement précisera la semaine prochaine sa stratégie «tester, alerter, protéger, soigner». Peut-être se rapprochera-t-elle du triptyque «tester, isoler, traiter» préconisé par le philosophe dans son essai, ainsi que par de nombreux médecins.

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