Tout le monde déteste la police? «Les faits de violences sont exploités afin d’affaiblir la macronie»

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Traversant une crise majeure après l’affaire du producteur tabassé et cristallisant les tensions au sujet de la Loi «sécurité globale», les forces de l’ordre font part de leur inquiétude et de leur solitude après avoir été prises pour cibles par des manifestants.

98 agents des forces de l’ordre auraient été blessés samedi 28 novembre lors des manifestations contre la Loi relative à la sécurité globale. Un officier de police a été filmé à terre, roué de coups par plusieurs manifestants. Une information qui, si elle a été relayée sur les réseaux sociaux, n’a pas suscité d’indignation générale, une semaine après la violente agression de Michel Zecler, producteur de musique lynché par quatre policiers.

Un deux-poids deux-mesures qui révolte les représentants des policiers:

 

«On voit bien qu’il y a un traitement médiatique partial de la part des médias mainstream. On assiste à une surmédiatisation d’une bavure policière alors qu’a contrario, lorsque nos collègues sont gravement attaqués, c’est quasiment occulté», résume, amer, Michel Thooris, secrétaire général du Syndicat France Police et ancien conseiller «sécurité» de Marine Le Pen, au micro de Sputnik.

Selon le policier en colère, il y a «malheureusement une généralisation de l’aversion». Une tendance à la détestation qu’il juge calquée sur le modèle américain, dont les dernières élections ont été particulièrement suivies de ce côté-ci de l’Atlantique. «Les Démocrates ont fait toute leur campagne sur le mouvement Black Lives Matter et tous ces mouvements très radicaux et anti-police». Une haine anti-flic donc, tradition de «l’extrême gauche» qui, si elle reste faible au niveau des urnes, «impulse le tempo médiatique» selon Michel Thooris.

Un soutien médiatique très faible

Contrairement au tollé suscité par l’inouï déchaînement de violence à l’égard de Michel Zecler, le soutien aux policiers s’est fait relativement rare après les débordements du week-end, déplorent les syndicats de police.

Invitée sur plusieurs plateaux de télévision, dont celui de Jean-Jacques Bourdin, Linda Kebbab, secrétaire générale du syndicat Unité SGP Police FO, défend, elle aussi, l’idée que «des leaders d’opinion d’extrême gauche» travaillent à détruire le lien établi entre la population et sa police. Et si ces violences de la police choquent tant, dit-elle, c’est par leur caractère «exceptionnel», «irrégulier», «défaillant», dont certains militants voudraient pourtant faire croire qu’il est «systématique».

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La syndicaliste et gardien de la paix a de surcroît fustigé les attaques que subissent les forces de l’ordre, dont «la peur fait partie du quotidien.»

Le policier, bouc émissaire?

À la question de savoir s’il n’existe tout de même pas un problème systémique de violence ou de racisme au sein d’une police qui ne compte pas sa première bavure, Michel Thooris rétorque:

«Il n’y a pas plus de violence ou de racisme qu’ailleurs, il y en a même moins qu’ailleurs. Il y a évidemment des cas peu recommandables et qui passent à travers les mailles du filet, mais la police en est la première victime. Les bavures restent extrêmement rares, mais sont montées en épingle.»

Pour lui, tout est une affaire de contestation politique. L’opposition au pouvoir en place trouve dans la figure du policier un exutoire. Car lorsque l’on veut atteindre l’État, on s’en prend à ce qui le représente symboliquement:

«Les faits de violences sont exploités afin d’affaiblir la macronie. C’est cette défiance du gouvernement –de plus en plus forte, notamment depuis le mouvement des Gilets jaunes– qui, par ricochet, retombe physiquement sur cette institution qu’est la Police.»

Ce lundi 30 novembre, les dégâts consécutifs à l’adoption de l’article 24 de la loi «sécurité globale» sont tels que le président Emmanuel Macron a convoqué son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur. Jean Castex et Gérald Darmanin étaient en compagnie de plusieurs membres de la majorité pour cette réunion de crise.

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L’article contesté encadre la diffusion des images de policiers en action et vise à interdire la diffusion malveillante de l’identité des agents. Ce même jour, dans l’après-midi, l’ancien ministre de l’Intérieur et désormais président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Christophe Castaner, a annoncé sa réécriture totale sur décision du gouvernement, sans apporter davantage de précisions. Une possibilité qui avait déjà été évoquée en marge des protestations, mais vivement critiquée par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, refusant de voir un comité d’experts «se substituer aux travaux parlementaires» alors que la loi a été définitivement adoptée.

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