«Pour ne pas avoir conscience qu’il y a un privilège blanc, il faut être Blanc», tance Lilian Thuram

© AP Photo / Remy de la MauviniereLilian Thuram
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À l’occasion de la sortie de son livre «La Pensée blanche», l’ancien footballeur Lilian Thuram s’est exprimé dans Le Monde sur «le privilège blanc» et «la pensée des Blancs» dans les sociétés européennes. Une idéologie qu’il estime «née d’une volonté politique et économique» visant à diviser les êtres humains.

Être Noir ou Blanc n’est pas une question de couleur de peau, mais de perception, avance Lilian Thuram dans son dernier livre «La Pensée blanche». Dans un entretien au Monde publié le 1er décembre, l’ancien champion du monde de football est revenu sur les origines et le fonctionnement de ce qu’il estime étant une idéologie en Europe, invitant à mieux lutter contre le racisme.

Il explique dans un premier temps que «pour ne pas avoir conscience qu’il y a un privilège blanc, il faut être Blanc et ne s’être jamais posé la question». Il affirme que ce problème n’est pas tant lié au statut social (un Noir riche vit mieux qu’un Blanc pauvre) qu’au fait d’être simplement discriminé pour sa couleur.

Il précise ensuite que cette pensée n’est pas imputée qu’aux Blancs, puisqu’elle est également présente en Afrique, notamment parmi les élites, lesquelles tendent à associer les Blancs au succès. Une pensée qui était même intégrée au système éducatif en France: «Jusqu’en 1950, on apprenait dans les écoles que la race blanche était la race supérieure dans un manuel scolaire qui a été réédité jusqu’en 1977», déplore-t-il.

«Née d’une volonté politique»

Il considère d’ailleurs que cette «pensée blanche» est «née d’une volonté politique et économique» qui «divise les êtres humains en les classifiant à travers une supposée couleur de peau». «Tous les systèmes politiques liés à la racialisation ont été forgés par une élite intellectuelle, financière et politique», insiste-t-il.

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«Lutter contre ce système nécessite de reconstruire des solidarités au moyen de politiques qui prennent soin des plus démunis, qui redistribuent les richesses de la manière la plus intelligente possible», ajoute l’ancien défenseur des Bleus. Pour changer cette mentalité, il invite à «apprendre l’histoire du racisme et, surtout, comprendre qu’on ne peut pas être neutre».

Sur les violences policières

S’exprimant régulièrement sur la question du racisme, Lilian Thuram a réagi, comme d’autres stars du football, à l’affaire Michel Zecler, ce producteur de musique tabassé par trois policiers. «Ce n’est pas normal que l’on puisse vivre dans une société où on a perdu confiance dans la police», a-t-il déclaré à Mediapart le 27 novembre, «non, on ne peut pas légitimer ça».

À ce propos, il a confié que malgré son statut de vainqueur de la Coupe du monde de football, lequel lui vaut «du respect dans l’espace public», il a expliqué à ses propres enfants qu’ils risquent de «tomber sur des policiers qui ne rêvent que d’une chose, vous agresser».

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