L’Élysée promet 400 millions pour la recherche: dans des labos en France, «on n’est pas souvent très bien payés»

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Emmanuel Macron a annoncé 400 millions d’euros pour le nouveau hub de recherche en santé numérique au sein de l’hôpital des armées du Val-de-Grâce, prévu pour 2028. Pour le professeur de la Sorbonne Vincent Maréchal, la science fondamentale attend depuis longtemps un soutien étatique plus fort.

Ce vendredi, le chef de l’État s’est rendu à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Imagine, au sein de l’hôpital Necker à Paris, pour y présenter «sa vision sur la recherche et l’innovation en santé pour les prochaines années». La promesse de 400 millions d’euros pour un nouveau campus de recherche en santé numérique est destinée, selon la présidence, à «renforcer» la «souveraineté» de la France en la matière.

Au micro de Sputnik, Vincent Maréchal, professeur et directeur de l’UFR Sciences de la vie de la Sorbonne, pointe les obstacles que doit surmonter la science fondamentale en France.

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L’enseignant souligne la difficulté de financer la recherche fondamentale «si on n’a pas de finalité derrière».

«Si on ne comprend pas que la recherche fondamentale est un terreau sur lequel se construit la recherche appliquée, cela signifie que les succès de demain ou d’après-demain dépendront des découvertes des autres en recherche appliquée. Vous serez éternellement les deuxièmes».

Il s’agit de faire «un choix social», selon le virologue: soit soutenir la recherche fondamentale et «reprendre la main sur les grandes questions scientifiques», soit «créer des start-up avec les inventions des autres».

Laisser les scientifiques «travailler dans de bonnes conditions»

Un second volet du financement de la science est l’appréciation «monétaire» du travail des scientifiques puisque «pour chaque vaccin, il faut des années de recherche fondamentale dans les laboratoires pour identifier la bonne cible et trouver la bonne molécule».

«Cela représente des millions de scientifiques dans des labos, souvent pas très bien payés. Surtout en France. S’ils trouvent quelque chose d’intéressant dans le cadre d’une recherche fondamentale, ils montent une boîte. Mais ce n’est pas notre métier», s’insurge Vincent Maréchal.

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Le professeur trouve «dommage que l’on glisse du côté de la valorisation de la recherche», même dans les universités, parce que «ça fait rentrer de l’argent».

«Il faut faire attention à ce que les gens jeunes et brillants, avec des idées en évolution, de vrais révolutionnaires intellectuels, puissent travailler dans de bonnes conditions. Qu’on ne les embête pas sinon ils vont partir», insiste le virologue.

Vincent Maréchal décrit avec amertume de fréquentes rencontres avec ses anciens élevés où il découvre qu’ils «font du marketing et vendent des tubes Eppendorf». Il souligne que non seulement la science «fondamentale n’intéresse pas les journalistes», mais elle est mal payée.

«Cela va créer une cassure. Les jeunes dans les amphithéâtres connaissent la situation: ils savent qu’il est difficile d’être embauchés au CNRS. Et ils ne sont pas motivés. Ils iront dans d’autres pays, comme l’Inde ou le Canada. C’est un gâchis humain et économique», déplore le professeur.
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