Ons Jabeur, la «meilleure tenniswoman arabe de tous les temps», vise le sacre en 2021 – Exclusif

© AFP 2023 MARTIN BUREAULa joueuse de tennis tunisienne Ons Jabeur, Roland Garros 2020
La joueuse de tennis tunisienne Ons Jabeur, Roland Garros 2020 - Sputnik Afrique
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Elle est l’une de ces rares personnes à qui 2020 a souri. La joueuse de tennis tunisienne Ons Jabeur a enfin percé. Elle a fait sensation cette année et veut désormais s’installer durablement au sommet de son sport.

Le tennis mondial compte une nouvelle championne. À 26 ans, la Tunisienne Ons Jabeur a grimpé progressivement les échelons du classement WTA jusqu’à atteindre cette année la 31e place. «Ça change la donne, j’ai encore plus de responsabilités désormais!», lâche-t-elle dans un sourire, lors d’une interview accordée à Sputnik.

Les puristes la connaissaient déjà depuis longtemps, sa technique hors pair, son style de jeu créatif et spectaculaire se sont révélés aux yeux du monde entier au mois de janvier 2020. Devant le public de l’Open d’Australie, à Melbourne, elle a été stupéfiante. Quand elle évoque la compétition, elle est encore émue, sur son petit nuage:

«L’Australie, c’était incroyable cette année! En fait, je suis venue pour avancer match par match. Je savais que j’avais fait une bonne préparation. J’avais joué quelques matchs auparavant et l’objectif pour moi était de passer la deuxième semaine.»

Le contrat est pleinement rempli, Ons Jabeur parvient même à se hisser en quarts de finale, éliminant au troisième tour la lauréate 2018 et ex-numéro 1 mondiale, la Danoise Caroline Wozniacki. Mais toujours les pieds sur terre, la joueuse tunisienne ne laisse pas le succès lui tourner la tête, la championne a même dans la voix une pointe de regret lorsqu’elle parle de la fin de son épopée, terminée aux portes des demi-finales par une défaite face à l’Américaine Sofia Kenin.

«J’étais partagée entre deux sentiments. Il y avait un peu de déception, je voulais arriver jusqu’au bout bien sûr, mais j’étais aussi contente de ma performance.»

À l’issue de ce parcours inattendu, elle a été déclarée meilleure joueuse de l’histoire de la Tunisie et meilleure joueuse arabe de tous les temps par le quotidien français L’Équipe qui titre alors «Jabeur, bien plus qu’une Ons de talent».

C’est la consécration pour la tenniswoman. Il y aura, c’est certain, un avant et un après-Melbourne car grâce à ce tournoi, la Tunisienne a changé de dimension. Son savoir-faire a enfin été reconnu et ses efforts, surtout, ont payé.

«À la fin de l’année 2019, je me suis dit "ça y est, c’est mon année". En 2020, je devais bien jouer, passer le cap du top 100, du top 50 et entrer dans le top 20. Je devais réussir à jouer avec "les grandes". Du coup, ma mentalité a changé et j’étais mieux physiquement aussi. Sur le terrain, j’ai beaucoup progressé tactiquement.»

Et puis les victoires s’enchaînent. En février, elle parvient à se qualifier pour les huitièmes de finale du tournoi de Dubaï et elle arrive jusqu’en quarts à celui de Doha. «Cela m’a donné encore plus de confiance et m’a aidé à remporter davantage de matchs. Et puis, il y a le soutien du public. Je le remercie, grâce à lui j’ai pu être au top.»

Plus populaire que le foot

Les Tunisiens se sont pris d’affection pour la joueuse de tennis et ses performances en font la sportive, tous genres confondus, la plus suivie de son pays. Alors qu’elle entre en piste à Melbourne, en plein milieu de la nuit à Tunis à cause du décalage horaire, les cafés diffusent ses matchs.

Lors de son épopée à Roland Garros, au mois d’octobre dernier à Paris où elle s’est hissée en huitièmes de finale, les téléviseurs des cafés de la capitale tunisienne, qui d’habitude sont branchés sur le foot, retransmettent les rencontres d’Ons Jabeur.

Serait-elle aujourd’hui plus populaire que le ballon rond? La question l’amuse, elle laisse échapper un rire:

«J’en doute un peu, mais sincèrement, cela m’a fait plaisir de voir que les gens suivaient le tennis. Cela m’a donné plus de force pour gagner davantage de matchs. Je pensais que je n’allais jamais y arriver et mon rêve se réalise finalement. Je remercie le public car j’ai reçu plein de messages de Tunisiens qui suivent mon parcours. Ils sont vraiment concentrés sur chaque point et ce n’est pas facile! Un match de tennis ne dure pas 90 minutes, on peut jouer pendant des heures.»

Pour sa préparation, Ons Jabeur est rentrée au pays en décembre 2020. C’est important pour elle de garder le contact avec la Tunisie où, dit-elle, elle trouve des conditions optimales. «Avec mon équipe, on est restés dix jours à Ain Draham (région montagneuse du nord-ouest). L’altitude était parfaite pour un entraînement 100% physique. Là, je suis à Monastir! J’ai accès à une nourriture saine, je loge dans un hôtel incroyable, il fait beau ! Donc oui, je reste en Tunisie. Vous savez j’adore mon pays. J’en profite pour voir ma famille aussi.»

Pour 2021, la championne nourrit des ambitions encore plus élevées. «Gagner des titres, ce sera mon objectif. Avec toute l’équipe, on travaille très dur et je pense que ce n’est pas impossible d’aller au bout. On est confiants car maintenant, on connaît bien le circuit.»

Et pour l’instant, tous les voyants sont au vert.

«Tout se passe très bien même si c’est dur, mais c’est une période de préparation, c'est normal. J’ai davantage forcé physiquement cette année par rapport aux précédentes. Après tout, je suis 31e mondiale et cela change la donne, j’ai désormais encore plus de responsabilités.»

Et la championne assume son nouveau statut, elle voudrait faire son entrée dans le top 10 mondial en 2021.

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