À l’ouest du Niger, des milliers de civils fuient sous le choc des attaques terroristes

© AP PhotoUn camp de réfugiés au Niger
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La double attaque terroriste du 2 janvier dernier a provoqué un exode dans l’ouest nigérien. Des villages entiers se vident de leurs habitants, qui craignent de nouveaux attentats. Le HCR et les services étatiques viennent en assistance à ces populations traumatisées.

C’est l’exode. Au Niger, plus de 10.000 personnes sous le choc des violentes attaques terroristes du 2 janvier dernier –qui ont fait 105 morts dans deux villages de la région de Tillabéri (sud-ouest)– ont fui, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) contacté par Sputnik.

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Elles ont été relogées dans des conditions difficiles au camp des réfugiés de Mangaïzé, une localité située à quelques centaines de kilomètres des villages attaqués. L’agence onusienne, qui s’est d’ailleurs indignée de ces massacres, œuvre d’arrache-pied avec le gouvernement nigérien pour leur assurer une prise en charge primaire.

Porte-parole du HCR au Niger, Jean-Sébastien Josset décrit à Sputnik une situation particulièrement alarmante.

«Les massacres tels qu’ils se sont déroulés ont été très traumatisants pour les populations qui ont fui dans des conditions difficiles et dans une situation d’extrême précarité.»

L’effet des attaques a été tel que ce ne sont pas uniquement les populations des villages endeuillés de Tchombangou et de Zaroumdareye qui ont pris la fuite. L’exode massif a concerné en outre une douzaine d’autres localités, affirme même le fonctionnaire onusien. 

«Ils sont partis à pied, presque sans rien puisque cela a été fait dans l’urgence et avec le seul souci de sauver leur vie. Certains ont même fui alors qu’ils étaient grièvement blessés», ajoute-t-il.

Une situation alarmante

Le nombre de déplacés dans le camp augmente de jour en jour puisque des réfugiés continuent d’affluer, poursuit Jean-Sébastien Josset. Face à cette situation dramatique, les autorités nigériennes accourent au chevet de ces populations, le temps pour l’ensemble des acteurs humanitaires de prendre le relais et se déployer pour fournir des abris et des soins de santé.

«Aujourd’hui ce sont les autorités qui dispensent l’aide d’urgence aux populations. Elles assurent la sécurité, les besoins vitaux, notamment le ravitaillement en nourriture et en eau», précise Jean-Sébastien Josset.

De son côté, le HCR veille à une prise en charge psychologique de tous les déplacés pour «réduire les conséquences qui peuvent découler de leur état post-traumatique».

Les autorités nigériennes tentent de rassurer

Pour rassurer les populations nigériennes du sud-ouest, dans la zone dite des «trois frontières» (du Mali, du Burkina Faso et du Niger) particulièrement ciblée par les terroristes, les autorités ont d’abord décidé de renforcer la sécurité de ce territoire. C’est ce qui a été annoncé à la suite d’une réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité (CNS), l’organe constitutionnel d’assistance au chef de l’État en tant que chef suprême des Armées, qui s’est tenue le 4 janvier 2021.

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Une semaine après cette attaque, la plus meurtrière depuis 2012, année de l’insurrection terroriste dans le Sahel, la ville d’Ouallam, située dans la région de Tillabéri, a accueilli le 9 janvier un Forum de réconciliation pour la paix et la sécurité présidé par le ministre de l’Intérieur. D’autres membres du gouvernement, des dirigeants politiques ou encore des chefs religieux et communautaires y ont participé. L’objectif était d’amener à plus de cohésion dans cette zone et de rassurer quant à la présence et l’engagement de l’État aux côtés des populations.

«Je vous demande de ne pas vous laisser distraire par cet ennemi, qui cherche à vous diviser et vous affaiblir, pour avoir les moyens d’atteindre ses funestes objectifs», a indiqué à l’occasion Alkache Alhada, le ministre nigérien de l’Intérieur dans un reportage diffusé par TV5 Monde.

Les massacres de Tillaberi se sont déroulés alors que le Niger venait d’organiser le premier tour du scrutin présidentiel. Prévu en février prochain, le second tour opposera Mohamed Bazoum, arrivé en tête avec 39,33% des voix, et l’ancien Président de la République, Mahamane Ousmane, qui n’a obtenu que 17%.

Dans une déclaration à Sputnik quelques jours après ces attaques, Ornella Moderan, cheffe du programme de recherche sur le Sahel à l’Institute for Security Study (ISS), une ONG basée à Dakar, a affirmé que ce double attentat terroriste, inédit au regard de l’ampleur des victimes parmi les populations civiles qu’il a ciblées, «va clairement donner une autre dimension à la question de l’insécurité et orienter le ton de la campagne du deuxième tour à venir».

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