Chauve-souris? Pangolin? Le monde scientifique étudie toujours les origines du Covid-19

© Sputnik . Vladimir Fedorenko Chauve-souris
Chauve-souris  - Sputnik Afrique
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Un an après le début de la pandémie de Covid-19, la communauté scientifique ne s’accorde toujours pas sur la façon dont le virus s’est transmis de l’animal à l’Homme. L’Express a compilé les diverses hypothèses sur le sujet.

«Toutes les hypothèses sont sur la table», déclarait l’OMS samedi 23 janvier lors de l’arrivée de sa mission d’enquête en Chine pour déterminer l’origine du Covid-19, tout juste un an après l’annonce du confinement de Wuhan. D’après L’Express, une dizaine de théories sont encore à l’étude dans le monde.

L’animal à l’origine du virus jugé le plus probable est toujours la chauve-souris, plus précisément le Grand rhinolophe. Des échantillons d’un coronavirus avaient déjà été prélevés en 2013 sur cette espèce dans le Yunnan, à 1.500 kilomètres de Wuhan, avec un génome proche à 96% du nouveau coronavirus.

Transmission directe

D’après Étienne Decroly, directeur de recherche et spécialiste des virus émergents au CNRS, la liaison ferroviaire entre le Yunnan, où vivent ces chauves-souris, et Wuhan peut expliquer comment le virus a parcouru cette distance pour atteindre le marché de fruits de mer et d’animaux sauvages de Huanan, considéré comme le berceau de l’épidémie, et s’y propager.

François Julien, écologue au muséum d’histoire naturelle à Paris, estime quant à lui que les chauves-souris ont pu transmettre le virus en émettant des ultra-sons. «On ne les entend pas, mais si elles sont infectées […] le virus peut se propager rapidement et massivement par le nez de ces animaux. Cela peut créer un véritable aérosol de virus», explique-t-il.

Ainsi, le virus présent chez cet animal avait déjà évolué pour être transmissible à l’Homme. Dès 2012, dans la province du Yunnan, plusieurs cas de «grippe respiratoire inconnue» avaient déjà été détectés chez des habitants vivant à proximité d’une mine de cuivre abandonnée, indique L’Express.

«Cela prouve que des humains ont été infectés par des coronavirus de chauves-souris, mais cela ne prouve pas qu’il y ait eu une transmission d’homme à homme car c’est assez rare. Des coronavirus peuvent infecter ponctuellement des humains sans que cela n’occasionne une épidémie. Il faut pour cela que le virus soit adapté à la protéine ACE2 humaine. Mais cela peut arriver suite à des mutations du virus», commente Étienne Decroly.

Transmission via un intermédiaire

D’autres ont rapidement affirmé qu’une autre espèce avait servi d’intermédiaire entre la chauve-souris et l’Homme, désignant particulièrement le pangolin. «On pensait que la messe était dite mais, en analysant les génomes en détail, cette hypothèse a finalement été écartée», poursuit le spécialiste.

Le laboratoire de Wuhan

Plus complotiste, une théorie pointe le rôle de l’institut de virologie de Wuhan, où un «accident de manipulation» aurait pu contribuer à la propagation du virus. Mais l’hypothèse est rejetée d’emblée par Jean-François Julien.

«S’il avait sauté du laboratoire à l’Homme, on aurait vu des traces de mutation au moins en décembre 2019. Ce qui n’est pas le cas, même si la présence de ce laboratoire à Wuhan est troublante», analyse-t-il, précisant que le Covid-19 comporte des éléments qui sont impossibles à générer intentionnellement.

Date d’apparition

Même le jour auquel le Covid-19 a été observé pour la première fois ne fait pas l’unanimité. Si le marché de Wuhan a longtemps été considéré comme son point d’origine, des traces du virus y ont été découvertes dans les égouts. «Cela signifie qu'il circulait déjà chez l'Homme depuis quelques mois», poursuit M. Decroly.

Un individu en présentait d’ailleurs déjà les symptômes en novembre 2019, sans être certain qu’il s’agisse du patient zéro. D’après les chercheurs de l’University College de Londres, la première transmission à l’Homme a eu lieu entre le 6 octobre et le 11 décembre.

Le temps presse

Pour l’OMS, trouver l’origine du virus est primordial pour mieux lutter contre les épidémies à venir, d’où sa mission sur le sol chinois. «Plus on attend, plus ça va être difficile. L'épidémie est telle aujourd'hui que l'Homme a contaminé la faune, le virus fait déjà des allers-retours entre les espèces, il va être de plus en plus compliqué de distinguer l'œuf de la poule», avertit Étienne Decroly.

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