Deux animateurs de Beur FM disent avoir été sanctionnés après une rencontre avec l’ambassadeur d’Israël

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Les deux animateurs de «L’Actu autrement» sur Beur FM, Rose Ameziane et Malik Yettou, affirment avoir été sanctionnés après leur rencontre avec l’ambassadeur d’Israël, rapporte Marianne.

La direction de Beur FM a «sanctionné» les deux animateurs de «L’Actu autrement», Rose Ameziane et Malik Yettou, qui préparaient une émission sur l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël, relate Marianne.

«On avait fait le choix de proposer une émission de débat ouverte et sans tabou, aujourd’hui c’est la stupéfaction et le dégoût», raconte Malik Yettou qui fait part d’un mail de la directrice de leur radio reçu par Rose Ameziane: «Pour votre information à tous deux, l’émission ne sera pas reconduite à la rentrée et ce pas avant un bon debrief de notre ligne éditoriale».

Publication sur Twitter

Ce message a été précédé d’un tweet, avec photo, de l’ambassade d’Israël remerciant les deux animateurs pour l’échange sur le récent accord de normalisation entre le Maroc et Israël.

​«À travers cet accord, il s’agissait d’explorer la possibilité d’un dialogue, d’un vivre-ensemble entre Israéliens et Marocains, entre juifs et arabes, c’est tout de même important! Quels étaient les risques? Contrarier une dizaine d’antisémites? Sommes-nous, nous-mêmes, victimes d’antisémitisme par ricochet ou d’une ingérence étrangère algérienne pour éviter de parler du Maroc?», s’interroge Rose Ameziane.

Rencontre à l’ambassade

Auparavant, c’est le porte-parole de l’ambassade qui avait contacté les présentateurs. «Il est exceptionnel que des relations se nouent entre juifs et arabes et cette situation peut avoir un impact en France», expliquait-il à Marianne.

«J’ai proposé de venir parler de cet accord, mais aussi d’autres questions s’ils le souhaitaient, notamment du conflit israélo-palestinien.» Afin de préparer l’émission, une rencontre a donc eu lieu à l’ambassade.

«Jeter des passerelles»

D’après M.Yettou, leur directrice avait «cédé aux pressions de cette minorité agissante sur les réseaux sociaux qui se revendique antisioniste mais qui, en réalité, est antisémite».

«En général, on ne parle d’Israël qu’à travers le prisme du conflit avec les Palestiniens. Pourtant, il y a en France une forte communauté maghrébine et une forte communauté juive. La symbolique d’un tel accord peut jeter des passerelles. Sur les réseaux sociaux, je me suis fait menacer et traiter de “bougnoul de service”.»

Rose Ameziane ajoute: «Cette radio se dit apolitique et laïque, elle prétend prôner le vivre-ensemble. Or les quartiers ne sont pas monolithiques, mais on les aborde avec un logiciel, des frilosités et des détestations qui datent des années 1980. On ne peut pas dire en même temps qu’il n’y a pas assez de personnes représentatives de la diversité sur les plateaux et interdire l’antenne à cette même diversité sur sa propre antenne. C’est une trahison idéologique et humaine vis-à-vis des auditeurs».

«Les intervenants sont libres de rencontrer qui ils veulent»

Jointe par Marianne, la directrice de Beur FM Djima Kettane affirme qu’il n'y a eu «aucune réaction» et «aucune sanction» de la part de la direction après cette rencontre.

«Les intervenants sont libres de rencontrer qui ils veulent. On aurait préféré que ce soit un journaliste qui se déplace dans une ambassade et non des animateurs. D'ailleurs, une émission devrait avoir lieu sur ce thème. Elle se déroulera en direct, ce qui n'était pas le cas pour "L'Actu autrement". On privilégie un dialogue sans filtre avec les auditeurs.»

L’émission sur la normalisation des relations Israël-Maroc n’a pas été diffusée. «L'Actu autrement» a repris le 15 janvier avec un sujet sur l’inceste. Par la suite, les présentateurs ont été informés que l’émission sera déplacée et aura lieu le samedi matin, à une heure de plus faible audience (au lieu du vendredi à 17 heures jusque-là). «On a compris qu’on gênait, parce qu’on refuse de pratiquer l’entre-soi», conclut Rose Ameziane.

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