L’industrie de l’automobile en Algérie crée un clash politique autour du travail des jeunes

© Photo Pixabay/DidgemanDes voitures
Des voitures - Sputnik Afrique, 1920, 02.02.2021
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«Quand nous ratons toutes les occasions de réformer et de relancer notre industrie, nous perdons également notre jeunesse universitaire dont le rêve le plus cher est de trouver un emploi», écrit un sénateur algérien sur Facebook en réponse à la décision du ministre de l’Industrie d’autoriser l’importation de voitures.

Depuis des décennies, le débat sur la nécessité de développer une industrie nationale ne cesse d’alimenter le débat politique en Algérie sans pour autant trouver d’issue. En effet, alors que l’économie algérienne est frappée de plein fouet par la crise économique, financière et sociale depuis la chute des prix du pétrole en 2014 dont elle dépend à 98%, le ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali relance le même débat suite à une décision qui a provoqué un tollé dans le pays.

En effet, tandis que les réserves de change sont en net recul et que le chômage a explosé dans le contexte de la crise aggravée par l’épidémie de Covid-19, il a autorisé l’importation de voitures et octroyé sept agréments à cet effet pour deux milliards de dollars à des opérateurs économiques dont les noms ne sont toujours pas connus.

Ainsi, le sénateur Abdelouaheb Benzaim a vivement réagi à cette décision sur Facebook, estimant qu’elle sert «les appétits des importateurs au détriment de la jeunesse, notamment diplômée».

Le rêve des jeunes

«Nous attendons les nouvelles lois sur l’investissement. Nous attendons l’inauguration de nouvelles usines qui créent de la richesse et des emplois. Nous attendons des entreprises étrangères qui investissent leur argent en Algérie. Nous attendons une stratégie industrielle et la promulgation des cahiers des charges, sans condition dissuasive pour entamer la production», écrit le sénateur, soulignant qu’«après toute cette attente, malheureusement, tout ce que nous attendons n’est pas réalisé».

Il ajoute qu’«il y a seulement des communiqués du ministère de l’Industrie annonçant l’octroi d’agréments pour l’importation de voitures». «Quand nous ratons toutes les occasions de réformer et de relancer notre industrie, nous perdons également notre jeunesse universitaire dont le rêve le plus cher est de trouver un emploi», regrette-t-il en garde, déplorant le fait que «tous ces rêves sont reportés jusqu’à ce que les importateurs soient rassasiés».

Les arguments du ministre

En janvier, lors d’une séance plénière au Sénat, Ferhat Aït Ali Braham avait déjà répondu à Abdelouaheb Benzaim sur cette question.

En effet, le ministre avait pointé «des groupes douteux» qui mènent une campagne de pression contre la stratégie de son département «depuis la ville française de Marseille» via des voix locales «sous la protection d’un faux nationalisme».

«Lorsque des opérateurs éphémères ont importé pour 12 milliards de dollars [durant la gouvernance du Président déchu Abdelaziz Bouteflika dont le parti de M.Benzaim, le FLN, était un soutien indéfectible durant 20 ans, ndlr] il n’y avait pas de problème», condamne-t-il. Et maintenant «que ces deux milliards seront consacrés à l’importation de véhicules neufs […] qui apporteront un milliard de dollars au Trésor public, ils essayent de lancer une campagne contre le secteur».

Vers la démission du gouvernement?

Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, l’Algérie fait face à la même situation que celle des années 1990, et ce après avoir dépensé 1.000 milliards de dollars pendant les 20 ans de pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, dont une bonne partie a financé les importations.

À ce titre, lors d’un entretien accordé le 7 décembre au quotidien arabophone El Khabar, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) Louisa Hanoune, qui dit se fier à des études économiques indépendantes, a déclaré que des millions d’emplois ont été perdus en raison «de la gestion anarchique» du gouvernement. «Sur sept millions de travailleurs à temps plein, environ trois millions ont été contraints de cesser de travailler, dont 60% dans le secteur privé et 35% dans le public», affirme-t-elle.

C’est dans ce contexte que le quotidien El Khabar a rapporté la semaine dernière, citant des sources, que le Premier ministre Abdelaziz Djerad déposera la démission de son gouvernement juste après son passage à l’Assemblée nationale pour présenter le bilan de son exécutif largement critiqué dans le pays.

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