Une usine russe de montres s’engage à aider la France à restaurer l’horloge de Notre-Dame de Paris

© Sputnik . Viktoria Viatrisse / Accéder à la base multimédiaNotre-Dame de Paris (photo d'archives)
Notre-Dame de Paris (photo d'archives) - Sputnik Afrique, 1920, 02.02.2021
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David Henderson Stewart, dirigeant de Raketa, l'usine russe de montres qui a proposé son aide pour restaurer l’horloge historique de Notre-Dame de Paris, a raconté à Sputnik les étapes de la coopération franco-russe, ainsi que les difficultés que les ingénieurs des deux côtés risquent de rencontrer lors de la réalisation de ce projet ambitieux.

L’horloge de Notre-Dame de Paris, installée en 1867 et complètement détruite dans le feu en 2019, est un sujet de préoccupation pour l’association de l’horloge de Notre-Dame qui s’engage à la remettre sur pied dans le cadre de la restauration de la cathédrale. Encore plus, ils s’en inquiètent du fait qu’elle n’est toujours pas inclue dans le projet officiel de reconstruction de la cathédrale par le gouvernement.

Parallèlement aux discussions avec le gouvernement pour le convaincre de restaurer cette pièce importante de l’histoire et de la cathédrale, l’association s’est lancée dans une coopération avec l'usine russe de montres Raketa. Son directeur général David Henderson Stewart a listé au micro de Sputnik les pièges et les obstacles qui se dressent sur la route des ingénieurs.

«Quand la cathédrale a été ravagée par l’incendie, de nombreux employés de l'usine ont commencé à m'appeler et à m'écrire pour dire qu'ils étaient solidaires, que c'était une grande tragédie, ils étaient émus. Et cela ne m'a pas surpris, car je savais que les Russes aimaient beaucoup la France et qu'il y avait un lien très étroit entre la France et la Russie», a raconté David Henderson Stewart.
© Sputnik . Aleskandr Galperine / Accéder à la base multimédiaDavid Henderson Stewart, dirigeant de Raketa, l'usine russe de montres (photo d'archives)
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David Henderson Stewart, dirigeant de Raketa, l'usine russe de montres (photo d'archives)

Sachant qu’en France il existe une association de l’horloge de Notre-Dame, les horlogers russes de l’usine Raketa ont proposé d’écrire une lettre de soutien à leurs homologues français.

«Sous ce sentiment émotionnel, nos employés ont avancé l’idée de leur écrire une lettre pour exprimer nos condoléances et de leur indiquer que, s’ils avaient besoin d'aide, nous sommes prêts à les soutenir», a détaillé le dirigeant de l’usine.

Les Français ont répondu un mois plus tard à la lettre des spécialistes russes pour les remercier et leur faire savoir qu’ils étaient effectivement intéressés par cette offre d’aide.

En outre, l’interlocuteur de Sputnik a ajouté que le collectif de l’association de l’horloge de Notre-Dame avait été surpris par le fait que le gouvernement, dans son plan préliminaire de restauration de la cathédrale, n’était pas certain de reconstruire l’horloge.

Une horloge unique

Cette pièce d’horlogerie qui mesurait 2,26 mètres de long pour 1,78 mètre de haut sur son socle était à l’épreuve du temps. Toutefois, aucun dessin de son mécanisme n’a été trouvé.

«La connaissance […] de la technologie pour faire une telle horloge a disparu, personne ne fait plus d’horloges si grandes. Et ils [les horlogers de l’association, ndlr] ont compris que l'État ne savait probablement pas comment l'inclure dans le projet. De ce fait, ils ont créé leur propre association pour se saisir de cette initiative afin d'aider l'État à reconstruire l’horloge», a expliqué David Henderson Stewart.

Le but de l’association est la mise en œuvre de tous les moyens nécessaires à la documentation, à la restauration ou à la reconstruction de l’horloge de la cathédrale de Notre-Dame de Paris.

© Sputnik . Julien Mattia / Accéder à la base multimédiaNotre-Dame de Paris (photo d'archives)
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Notre-Dame de Paris (photo d'archives)

Et le plus difficile?

D’après David Henderson Stewart, le plus difficile dans tout cela est de recréer des plans de travail qui sauront ressembler à ceux de l’horloge détruite.

«La chose la plus difficile, avant de commencer la production, est de comprendre comment l’horloge fonctionnait exactement et de redessiner des plans techniques. C'était une horloge mécanique, une fois par semaine, un horloger la remontait et elle fonctionnait toute la semaine.»

Un modèle trouvé

Alors que dans le IXe arrondissement de Paris un ingénieur horloger a réussi à mettre la main sur une petite sœur de l’horloge de Notre-Dame de Paris. Il a rencontré de nouveaux obstacles.

«Il a trouvé une horloge qui ressemble beaucoup à celle de Notre-Dame de Paris dans l'église de la Sainte-Trinité, dans le IXe arrondissement de Paris, mais il n'a pas été autorisé à la démonter pour comprendre le mécanisme», a expliqué le directeur général de Raketa.

De ce fait, l’ingénieur n’a pu que prendre les mesures des parties visibles et à la base de cela il a dessiné un modèle 3D sans connaître ce qu’il y a à l’intérieur, relate David Henderson Stewart.

«Il n’a vu que 5% de ce mécanisme. Par la suite, les ingénieurs vont essayer de deviner et de calculer comment cela fonctionnait à l'intérieur, à quoi il ressemblait, quels matériaux étaient utilisés...»

Des étapes de coopération

Après que les horlogers de Raketa ont étudié ce modèle 3D initial, la partie française leur a proposé de continuer la collaboration à cette étape sur ce modèle pour configurer ensemble le mécanisme de l’horloge historique. C’est à la base de ce modèle recréé que les ingénieurs vont dessiner des plans pour la future horloge.

«Nous avons étudié ce modèle pendant près d'un mois et envoyé une conclusion préliminaire pour l’association où nous avons fait des commentaires et avons proposé notre vision», a ajouté le dirigeant de l’usine.

Il a par la suite précisé que, pour la coopération à long terme, l’usine avait déjà proposé d’élaborer certaines parties du mécanisme dans la limite de ses capacités techniques. David Henderson Stewart a indiqué qu’il n’avait pas non plus pour objectif de faire tout le mécanisme et qu’il espérait que le projet obtienne une envergure internationale, si d’autres pays s’y engagent.

Toutefois, il a souligné que les Russes avaient été à l’avant-garde de cette coopération et qu’ils étaient, à sa connaissance, les premiers à avoir proposé leur aide.

© AP Photo / Stephane de SakutinNotre-Dame de Paris (photo d'archives)
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Notre-Dame de Paris (photo d'archives)

Un projet à long terme

En prenant en compte que le gouvernement français n’avait pas encore inclus officiellement l’horloge dans le projet de restauration de Notre-Dame de Paris, David Henderson Stewart souligne que cela relève probablement d’un projet à très long terme. Pourtant, il explique que la précipitation n’est pas bienvenue dans l’horlogerie.

De plus, vu qu’il n’y a ni plans de travail exacts, ni de spécialistes de la confection de pareilles horloges, il considère que leur création prendra du temps et sera faite d’épreuves et d’erreurs.

«C'est une grande fierté que nos horlogers participent à ce projet, qu'ils puissent dire à leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants qu'ils ont participé à la reconstruction de Notre-Dame de Paris. […] La cathédrale de Notre-Dame de Paris est un patrimoine mondial, ce n'est pas uniquement un patrimoine français. C'est un symbole de la France bien plus que la tour Eiffel, je crois», a conclu le directeur général de l'usine russe de montres.
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