La polémique enfle en Tunisie sur les relations avec l’Algérie après les déclarations de l’ex-Président Marzouki

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Moncef Marzouki ex-Président de la Tunisie - Sputnik Afrique, 1920, 03.02.2021
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L’ex-chef de l’État tunisien Marzouki, qui a vanté l’aide d’Ankara et de Doha à la démocratie en Tunisie, accuse l’Algérie d’avoir tenté, tout comme les Émirats arabes unis, d’avorter la révolution de 2011. Le ministère des Affaires étrangères et le mouvement Ennahdha, parti au pouvoir dans le pays, ont condamné à l’unisson ces déclarations.

Le ministère tunisien des Affaires étrangères condamne fermement dans un communiqué publié sur Facebook les propos tenus par l’ex-Président tunisien Moncef Marzouki à l’égard des autorités algériennes, les qualifiant «d’insultants à l’égard d’un pays frère». Par ailleurs, le mouvement islamiste Ennahdha, qui a gouverné le pays à ses côtés entre 2011 et 2014, pointe également, dans une note postée sur Facebook, des «déclarations hâtives et irresponsables».

En effet, lors d’un entretien accordé à la chaîne londonienne Al Khalij TV, Moncef Marzouki affirme que l’ancien régime algérien sous l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika a tout fait pour faire avorter la révolution du Jasmin de 2011 en Tunisie, tout comme les Émirats arabes unis.

«Les autorités algériennes ont combattu la révolution tunisienne et lui ont été hostiles pendant ses premières années», déclare l’ex-chef d’État. «Ce qu’a enduré la révolution tunisienne de la part de l’Algérie n’est pas moindre que ce que lui ont fait subir les Émiratis, même si c’était d’une manière différente», ajoute-t-il, soulignant que ceci malgré sa rencontre avec Bouteflika lors de laquelle il lui a signifié que «la révolution en Tunisie était une affaire interne» et qu’il n’y avait aucun risque de contagion.

Les autorités tunisiennes réagissent

La ministère tunisien des Affaires étrangères exprime dans une note son «profond étonnement devant des déclarations répétées et insultantes à l’égard du pays frère: l’Algérie».

La diplomatie tunisienne affirme son «rejet catégorique de toutes les tentatives désespérées visant à porter atteinte aux relations stratégiques entre la Tunisie et l’Algérie», ponctuant que «ces actes irresponsables n’engagent que leurs auteurs et n’engagent en rien l’État tunisien».

Et de conclure que «de tels actes ne pourront pas nuire aux relations distinguées qui lient la Tunisie à l’Algérie et qui connaissent un essor remarquable, grâce au désir sincère des dirigeants des deux pays» de les renforcer.

Ennahdha désavoue Marzouki

La direction du mouvement Ennahdha qui a gouverné le pays aux côtés de Marzouki durant son mandat de 2011-2014, emboite le pas à la diplomatie tunisienne, saluant l’appui de l’Algérie «à l’expérience démocratique émergente» en Tunisie.

Ainsi, Ennahdha, le parti actuellement au pouvoir en Tunisie, exprime «son refus de ces déclarations hostiles à l’Algérie et les considère hâtives, irresponsables et ne tiennent pas compte des relations fraternelles liant les deux peuples».

Dans le même sens, le parti de Rached Ghannouchi «salue les positions de l’Algérie en soutien à la Tunisie et son appui à l’expérience démocratique émergente dans le pays et encense les efforts des deux pays en faveur de la coopération» dans tous les domaines.

Quid des Turcs et des Qataris?

Auparavant, Moncef Marzouki a également accusé l’Algérie de retarder la construction de l’Union du Maghreb arabes (UMA) à cause de son soutien inconditionnel au Front Polisario dans sa lutte pour «l’autodétermination face au Maroc».

Cependant, un bon nombre de ses opposants lui reprochent ses «relations douteuses avec la Turquie et le Qatar», dont il a loué plusieurs fois l’aide apportée à la démocratie tunisienne naissante.

En effet, en janvier 2019, lors d’un entretien accordé au quotidien algérien Al Akhbar, M.Marzouki avait affirmé que seuls le Qatar et la Turquie avaient aidé économiquement, politiquement et militairement son pays pendant la période de transition 2011-2014.

«Je parle en parfaite connaissance de cause, puisque j’ai été aux commandes et ai eu accès à tous les dossiers», avait-il lancé. Et d’ajouter que «c’est d’ailleurs pour cette raison que les forces antirévolutionnaires me traitaient depuis toujours de mercenaire au service des turcs et qataris».
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