Le directeur du «premier site d’information» en Algérie évoque à Sputnik «la censure» de son média

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Censure - Sputnik Afrique, 1920, 12.02.2021
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«Quel manquement à la déontologie les journalistes de TSA ont-ils commis? Avons-nous été condamnés par un tribunal pour des faits en lien avec l’exercice de notre profession, pour que notre site subisse la censure? Rien de tout cela!», affirme son directeur Hamid Guemache à Sputnik, dénonçant «le blocage» de son média depuis 20 mois en Algérie.

Dans un communiqué publié jeudi 11 février sur son site, le média électronique Tout sur l’Algérie (TSA) dénonce sa censure injustifiée par les autorités, et ce depuis plus d’un an et demi. Le même jour, le ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a expliqué dans un entretien au site Express-dz les raisons de l’inaccessibilité de certains médias électroniques en Algérie. Des arguments qui n’ont pas convaincu le directeur de TSA, Hamid Guemache, qui assure dans une déclaration à Sputnik que «la censure» de son site «est totalement arbitraire».

Le communiqué rappelle que la nouvelle Constitution promue par le Président Abdelmadjid Tebboune et qui, selon lui, est la pierre angulaire sur laquelle va se construire la nouvelle Algérie depuis son adoption par référendum en décembre 2020, «stipule clairement qu’aucun site internet [d’information, ndlr] ne peut être suspendu sans une décision de justice».

Or, «cela fait maintenant 20 mois que notre média (TSA) est censuré en Algérie», déplore la note, précisant que «depuis le 12 juin 2019 [c’est-à-dire six mois avant l’élection de M.Tebboune au poste de Président de la République, le 12 décembre 2019, ndlr], notre site est accessible uniquement à travers un VPN [un système qui permet de contourner un blocage, ndlr]».

«TSA était le premier site d’information» algérien

À cet effet, la direction de TSA dénonce «la poursuite de ce blocage qui confirme que, deux ans après le Hirak [mouvement citoyen algérien du 22 février 2019 qui a mis fin à 20 ans de pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, ndlr], rien n’a changé en Algérie concernant le respect des libertés».

Et de conclure que «cette décision arbitraire a été prise par le régime pour punir un média indépendant à grande audience […]. Avant sa suspension, TSA était le premier site d’information consulté en Algérie».

Dans un entretien accordé à Express-dz, Ammar Belhimer souligne que «l’Algérie nouvelle, telle qu’annoncée par le président de la République […], accorde une importance cruciale à la liberté de la presse, levier de la démocratie».

«Il n’existe pas meilleure protection pour le journaliste que de respecter l’éthique et la déontologie dans l’exercice de sa profession», ajoute-t-il, soulignant qu’il «est inconcevable qu’un professionnel de la presse puisse avoir des démêlées avec la justice s’il exerce son métier dans le respect de la loi».

À ce propos, Hamid Guemache se demande «quel manquement à la déontologie les journalistes de TSA ont-ils commis? Pourquoi le ministère de la Communication ne notifie pas par écrit à TSA, et à tous les médias électroniques suspendus en Algérie, les raisons de cet état de fait? Avons-nous été condamnés par un tribunal pour des faits en lien avec l’exercice de notre profession, pour que notre site subisse la censure? Rien de tout cela!». «TSA a déjà été bloqué arbitrairement en octobre 2017 durant près deux mois», rappelle-t-il.

«Les "blocages" sont dus à des problèmes techniques»

Concernant les raisons du «blocage» de plusieurs sites d’information, M.Belhimer estime qu’elles sont «motivées par une mauvaise foi ou par ignorance, certains incombent à tort» cette situation «au ministère de la Communication et interprètent cela comme de la "censure"».

«À cet effet, nous tenons à préciser que ces "blocages", ou je dirais plutôt interruptions, sont dus à des problèmes techniques, notamment la mauvaise connexion qui n’est nullement du ressort du ministère la Communication», informe-t-il, recommandant à tous les sites de s’héberger dans le domaine «.dz», le meilleur moyen de «garantir une transparence et une sécurité à l’activité des sites électroniques d’information et autres».

Pour M.Guemache, ces arguments n’apportent aucune réponse à «la censure du premier site d’information algérien depuis 20 mois». «Si le problème, comme le dit M.Belhimer, tenait à une question de coupure Internet, dans ce cas-là, même en passant par un VPN, notre site ne serait pas accessible, alors que ce n’est pas le cas [...]. Ce que je constate sur le terrain, c'est plutôt une lutte contre les médias électroniques indépendants», déplore-t-il.

En conclusion, évoquant les déclarations répétées, «à juste titre», du ministre sur les attaques médiatiques et cybernétiques que subit l’Algérie de l’extérieur, Hamid Guemache s’interroge à nouveau: «Quel intérêt a l’Algérie à affaiblir les médias électroniques nationaux qui produisent des contenus pouvant aider à combattre les fake news venant de l’extérieur? Ne serait-il pas mieux de les aider à se développer dans le cadre des droits et devoirs définis par la Constitution, afin qu’ils puissent participer à ce combat?».
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