«La peur des musulmans est ancienne en France», estime un ex-ministre de l’Égalité des chances

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musulmans - Sputnik Afrique, 1920, 21.02.2021
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Azouz Begag, ministre sous Jacques Chirac, a évoqué pour Le Point l’origine de la peur des musulmans en France et estime que rien n’a changé aujourd’hui. Défenseur de la loi contre le séparatisme, il craint également la montée du Rassemblement national à la prochaine présidentielle.

Il a promu l’égalité des chances entre 2005 et 2007 dans le gouvernement de Dominique de Villepin, sous la présidence de Jacques Chirac, et a publié de nombreux ouvrages, notamment sur l’immigration, en tant que chercheur du CNRS. Alors que la question de la place de l’islam en France se trouve toujours au cœur de l’actualité, Azouz Begag en explique les racines du problème auprès du Point.

«Le racisme d'aujourd'hui relance les mêmes problématiques d'hier, mais avec des éléments réactualisés», lance-t-il, «en France, depuis 1975, la fin des Trente Glorieuses, quand les promesses de la prospérité économique et du bien-être ont fait long feu, les peurs se sont installées partout».

Ainsi, selon lui, les Français ont commencé à chercher des boucs émissaires, en particulier chez les immigrés.

«Les immigrés maghrébins/musulmans et leurs enfants ont été clairement désignés comme les responsables du "bruit et de l'odeur" à partir des années 1990», explique-t-il, affirmant ainsi que «la peur des musulmans est ancienne en France». Il ne considère pas non plus que l’islamisme radical soit «une nouveauté».

Loi contre le séparatisme

Après l’assassinat de Samuel Paty, il estime que la loi contre le séparatisme était nécessaire afin de «conforter les valeurs républicaines» dans l’ensemble du pays, même si «tout le monde a compris que cette loi concerne l'islam». Il reproche certaines sorties stigmatisantes, citant le professeur de Trappes Didier Lemaire qui avait affirmé que sa ville était un territoire «perdu de la République» ou encore les propos de la ministre Frédérique Vidal sur la poussée islamiste en milieu universitaire.

Les musulmans cherchent seulement «l'égalité des chances et de traitement», affirme le chercheur, rappelant que l’Hexagone est un «pays de libertés» qui dès lors doit respecter «la liberté de conscience».

«Le meurtre de Samuel Paty nous amène à la question de la haine sur Internet […]. La loi séparatisme s'attache à ce volet et c'est très bien», poursuit-il.

Montée du RN

Fervent opposant au FN pendant sa carrière politique, Azouz Begag reconnaît que Marine Le Pen «est en pleine récolte», évaluant ses chances à la prochaine présidentielle plus favorables qu’en 2017. «Elle ne gagnera pas, car les Français dans leur majorité ne sont pas disposés à la voir à l'Élysée», analyse-t-il cependant, évoquant plutôt un «terreau fertile» avec une Marion Maréchal qui «attend en embuscade».

Il tient finalement à souligner que «le grand gagnant des élections, c'est l'abstention», et plaide pour un vote obligatoire qui amènerait les populations des banlieues à s’exprimer politiquement. Et de conclure: «l'année électorale qui s'annonce va être celle de tous les dangers, mais je reste optimiste».

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