Rixes en Île-de-France: la procureure d’Évry évoque une «transmission générationnelle»

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Des adolescents - Sputnik Afrique, 1920, 01.03.2021
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Après la mort de deux adolescents de 14 ans dans l’Essonne, la procureure d’Évry, Caroline Nisand, a affirmé auprès de La Croix que la violence dans les bandes était transmise aux plus jeunes par les plus âgés.

Depuis l’agression de Yuriy en janvier à Paris et la mort de Lilibelle et Toumani les 22 et 23 février en Essonne, les rixes entre bandes d’ados parfois très jeunes ont refait surface dans l’actualité. La procureure d’Évry Caroline Nisand a expliqué ce phénomène pour La Croix.

Elle affirme tout d’abord qu’il y a une «transmission générationnelle» de la violence dans ces bandes.

«Lors de la rixe de Boussy-Saint-Antoine, il y a eu une sorte d’accord tacite entre les membres les plus anciens des deux bandes, âgés de 17 ans, pour rester en retrait et laisser les plus jeunes, les 13-15 ans, s’affronter comme s’il fallait que, comme un rite initiatique, les “petits” apprennent à se battre», indique-t-elle.

De plus en plus jeunes?

Si elle estime que la présence de jeunes ados dans ces bandes n’est pas nouvelle, ce qui l’est est l’usage d’armes blanches, malgré leur âge.

«Ce qu’on a vu avec ces deux rixes, c’est que des gens très jeunes, sans antécédents particuliers, peuvent aller au combat en étant armés», remarque-t-elle.

Lucille Rouet, juge des enfants à Paris, ne constate quant à elle «pas spécialement de rajeunissement» ces dernières années.

«À Paris, les rixes entre bandes, dont le nombre est plutôt en baisse, concernent des jeunes âgés en moyenne de 17 ans. C’est assez stable», précise-t-elle au quotidien.

Violence permanente

Toujours auprès de La Croix, Thomas Sauvadet, sociologue spécialisé dans la délinquance juvénile, explique que certaines bandes se forment dès l’école primaire: «On voit des enfants de huit à dix ans qui se battent quasiment tous les jours, à l’école ou dans la rue, mais sans arme ni blessures graves». Quelques années plus tard, ils rejoignent des bandes «dont la violence peut alors monter en intensité», ajoute-t-il.

Pour lutter contre ce phénomène, Lucille Rouet estime qu’il faut attaquer le problème à la racine.

«Il y a chez ces jeunes un phénomène de construction identitaire via l’appartenance à une bande», souligne-t-elle.

Lorsque l’un d’eux est interpellé, elle suggère de «travailler pour lui faire comprendre qu’il peut se construire en dehors de la bande et qu’il doit identifier les zones grises qui peuvent le faire basculer dans la violence».

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